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Les BIS : le retour tant attendu de l’évènement incontournable du spectacle !

Les BIS : le retour tant attendu de l’évènement incontournable du spectacle !

12 January 2023 | PAR Elisa Barthes

Les BIS, biennales internationales du spectacle, se sont tenues du 11 au 12 Janvier 2023. Son annulation l’année dernière était une grande déception pour tous les acteurs du spectacle vivant. C’est donc avec une joie et une impatience certaine que cet événement a commencé ! Se déroulant à la cité des Congrès de Nantes, le salon accueille une diversité d’acteurs du monde culturel, et est LE rendez-vous incontournable des intermittents du spectacle. Laissez vous emporter dans ce salon grandiose avec Toute la culture ! 

L’entrée des BIS annonce déjà la couleur de l’évènement : surprenant ! Le “magic mirrors” est un chapiteau à l’ambiance mystique et intrigante. Lorsqu’on y pénètre, le sol en velours rouge et les décorations accrochées au mur séduisent tout de suite, et donnent envie d’en découvrir plus. Dans les trois étages de la cité des Congrès se côtoient des activités diversifiées mais reliées entre elles. Les stands remplissent une grande partie de l’espace, divisés selon les catégories suivantes : équipements et services, formations culturelles, organismes sociaux et organismes professionnels. Ce sont 180 entreprises, associations ou organisations qui sont exposées, allant de banques axées sur la culture à des labels de musique indépendants.  

Le dernier étage regroupe des activités variées. En plus des exposants, des salles sont prévues pour accueillir une multitude de choses. Des forums se tiennent tout au long de la journée sur des problématiques importantes, avec plusieurs intervenants. Des questionnements sur des enjeux sociaux comme «l’accompagnement des jeunes artistes : un territoire à (ré)inventer», mais aussi politique avec «concentration dans le secteur des musiques actuelles : quelles réponses politiques apporter ?». Des ateliers sont également proposés, ici l’échange et le partage d’expérience est le cœur des discussions. Encore une fois la diversité des sujets est notable, allant du mécénat culturel, à la protection des droits d’auteur, aux violences sexistes et sexuelles. 

Sur la scène SACEM, également située à cet étage, se déroule plusieurs showcases d’artistes aux univers tous différents les uns des autres. Nathalie Roy, responsable des musiques actuelles à la SACEM, et Nicolas Marc, créateur et directeur des BIS, nous présentent les 5 talents qu’ils ont sélectionnés pour l’occasion. Cette année l’autoproduction est mise à l’honneur, tous ont eu recours à ce moyen et font désormais partie du projet d’aide de la SACEM, qui consiste à leur apporter un soutien pour construire leur carrière. Toute la culture a pu assister au concert d’Aurus, le chanteur à la voix fascinante et à l’univers envoûtant. Il a enflammé la scène avec son énergie débordante et sa bienveillance. UssaR, chanteur et pianiste à la voix de velours, a également livré une prestation impressionnante avec les titres de son album qui sortira prochainement. 

L’évènement majeur dans le secteur des arts du spectacle

Le nombre important d’acteurs de la culture regroupés aux BIS est une opportunité à saisir pour les entreprises. Chacune d’elle a aménagé son stand de sorte à mettre en avant son activité. Néons bleus, ballons suspendus, le stand de Weezevent sur le thème de Stars Wars fait un carton ! «On est ici parce que tout le marché est présent, il y a nos clients, nos partenaires. C’est important de montrer les évolutions et les nouvelles fonctionnalités que l’on propose» nous explique Pierre Henri Deballon, salarié dans l’entreprise de logiciels pour les organisateurs d’évènements. Être exposant est aussi le moyen d’attirer de nouvelles personnes, comme nous le raconte Guillaume Desille, de l’entreprise Culturepay : «Être aux biennales nous permet de rencontrer des clients déjà chez nous et des potentiels clients, de leur expliquer un peu notre fonctionnement et de leur montrer le site.»

Se faire connaitre, c’est essentiel dans le monde du spectacle vivant. Claire Pugol, fondatrice de la structure associative Audoise Music’al Sol nous explique l’utilité des BIS pour cela : «La BIS c’est le plus gros salon dans le spectacle vivant. Un endroit avec un stand comme ça nous permet d’avoir pignon sur rue et faire connaitre nos artistes sur de nouvelles structures». Implantée à Carcassonne, l’évènement est aussi un moyen de casser les frontières : «Il y a une bonne vielle frontière Nord/Sud, donc c’est vrai que les Bis c’est vraiment the place to be ! Le seul endroit où on va pouvoir franchir cette barrière»

Comme dans beaucoup d’autres secteurs, les échanges entre collaborateurs se font virtuellement, les rencontres réelles sont rares. Pour beaucoup, ce salon est très attendu afin d’enfin passer la barrière du virtuel. «Le but est de rencontrer les personnes avec qui on a échangé des mails toute l’année, c’est bien de mettre des visages» nous explique Mathilde Dollat, de l’organisation Toulousaine Cricao. Elle nous confie également l’importance de pouvoir échanger : «On rencontre des programmateurs, ça permet de parler de nos projets et de croiser les idées. On en retire des partenariats qui arrivent sur un moyen long termes, c’est génial». Pour Kevin Hennekinne et Jean Baptiste Prétot de Cashmere Prod, l’évènement est unique de part la manière d’approche totalement différente «on passe notre temps à appeler les producteurs et le BIS est le seul événement où ils viennent à nous. C’est nos clients qui viennent à nous faire leur petit marché, c’est vraiment très appréciable».

Pour les participants aussi les biennales sont un terrain de rencontres enrichissant. Julia Lehodey et Mélody Bourdin sont deux jeunes filles actuellement en service civique, en recherche d’orientation. Elles passent de stands en stands pour s’informer et découvrir. «On ne sait exactement ce qu’on veut faire plus tard donc on est là pour regarder l’ensemble des acteurs qui travaillent dans la culture» expliquent elles. D’autres viennent pour monter des projets comme Ema Kroisniqi, qui est en première année d’intermittence pour monter sa troupe «la Brüme» mélangeant musique électroacoustique et jonglage de feu et pyrotechnie. Elle est ici pour se renseigner sur les différents acteurs présents, prendre contact avec différentes compagnies de spectacles mais aussi découvrir d’autres types de prestataires : «J’ai discuté avec des imprimeurs pour faire les flyers et les affiches, des plateformes pour promouvoir notre travail, des entreprises de billetterie… Et bien sûr pôle emploi spectacles, le classique !» dit elle en rigolant. 

La transition écologique, un questionnement au centre des BIS 2023

Décarboner la culture, réduire les déchets ou encore proposer des matériaux plus durables : les problématiques liées à l’environnement sont nombreuses. Avec un espace spécialement dédié à ces questions, les BIS montrent la volonté du spectacle vivant d’opérer leur transition vers un mode de fonctionnement plus durable. L’espace DD, développement durable, regroupe des acteurs de l’écologie et propose des conférences tout au long de la journée. L’association REEVE le réseau Eco évènement présente ici, a pour but de faire rentrer la filière événementielle en transition écologique. Pour se faire elle propose différents outils accessibles à tous, mais aussi une labellisation à 3 niveaux pour les événements. Les organisateurs doivent s’engager à respecter un certain nombre de mesures pour l’obtenir. Myriam Leclerc-Tracy, actuellement en service civique dans l’association, nous parle de la nécessité d’être présent aujourd’hui. «On rencontre pleins de gens donc on a de nouvelles adhésions et on développe notre réseau c’est super utile. Ça peut mener à des partenariats parce qu’il y a pleins d’organisateurs qui sont prêts à se questionner sur leurs pratiques». Une autre association tient un stand en face de celui de Myriam : les connexions. Elle travaille sur la gestion et prévention des déchets dans l’événementiel et est partenaire de l’espace DD. «On s’occupe à la fois déchets de consommation des publics mais aussi les déchets de production de l’évènement» nous explique Thomas Lebouvier, salarié de l’association. Pour lui aussi ce moment est important dans le développement de sa structure et pour la prise de conscience des organisateurs «c’est un évènement très fort en prise de contact qui a déjà mené à des projets».

Comme expliqué dans une des conférences de la journée intitulée «réduire son usage de l’avion en tournée : ces artistes l’ont fait», convaincre les organisateurs n’est pas toujours évident. Le DJ Simo Cell, de son vrai nom Simon Aussel, a été face à ce problème lorsque, après avoir pris conscience des enjeux écologiques, il a fait face à des difficultés. «Ça peut être parfois compliqué parce que les organisateurs n’acceptent pas forcément ce choix, d’autant que les coups du train sont souvent 2 à 3 fois plus élevés». Pour une autre artiste présente, la solution est de rester le maximum de temps dans la même ville, pour y faire plusieurs concerts, et ainsi limiter les déplacements. Du coté des entreprises aussi la transition écologique commence à se faire sa place. Cashmere prod, qui produit une trentaine d’artistes allant du concert classique au hip hop, met en place des actions simples pour limiter son impact environnemental. «On fait attention au gaspillage sur l’accueil en faisant un travail de pédagogie auprès des artistes pour pas qu’ils demandent trop de choses. Les bouteilles en plastiques sont remplacées par d’autres en verres, on a créé des gourdes spécialement pour la scène». Sur leur stand aux BIS, on retrouve une petite roue avec laquelle les participants peuvent gagner des bouchons d’oreilles réutilisables ou un stylo avec des matériaux biodégradables. Ils ont pensé à tout !

L’occasion de défendre différentes causes 

Encore dans ce fameux espace DD, se trouve une librairie, mais pas n’importe laquelle ! Elle se nomme les biens aimés, et propose une sélection de livres axés sur deux combats : le féminisme et l’écologie. Beaucoup de livres différents sont présentés, de quoi être au maximum sur ces deux sujets !

En parlant de féminisme, Toute la culture a fait la rencontre de Claire Pugol, déjà mentionnée auparavant, qui défend sa position engagée à travers sa structure Music’al Sol. La femme souriante et chaleureuse raconte son combat «notre objectif est de soutenir la création au féminin, notre catalogue de production est composé de plusieurs groupes avec au moins une femme sur le plateau». Un engagement qui est né suite aux phénomènes qu’elle a observé au sein de son métier : «en tant que programmatrice depuis de nombreuses années, je vois bien la difficulté à trouver des groupes féminins». C’est la  8-ème édition des BIS auquel elle participe, toujours avec la même énergie et la joie de vivre !

L’inclusion est une valeur forte que veulent transmettre les Biennales internationales du spectacle. Particulièrement avec la question des personnes sourdes, qui a fait l’objet de forums et ateliers dont «artistes sourds : quelles voix vers l’insertion professionnelle et comment faire évoluer sa pratique au quotidien ?», mais aussi le «chansigne» : diversité des pratiques et des approches» auquel Toute la culture a assisté. Igor Casa, adaptateur en langue des signes Française (LSF) donne une définition de ce mode d’expression encore peu connu «Le but est d’essayer de raconter la musique de la meilleure des manières, en gardant le rythme». Pour se faire, il faut un minimum de texte, et lorsqu’un mot n’est pas traduisible il faut créer quelque de chose de visuel. Durant tout l’atelier, deux personnes retranscrivaient ce qui était dit en LSF, afin d’inclure tout le public. La naissance du «chansigne» part d’une volonté d’inclusion «La musique fédère, il ne faut pas exclure les malentendants» affirme Igor, «c’est pour mettre tout le monde au même niveau» complète Laety Tual, productrice de chansons en «chansigne». 

Les BIS furent un moment de rencontres, de questionnements et de créativité. L’évènement, qui a lieu initialement tous les deux ans sera présent en 2024, en raison du décalage de cette année. Plus qu’un an à attendre pour la prochaine édition, de quoi ravir tout le monde du spectacle !

Visuel : © Delphine Perrin et Arat Kilo (photo concert scène SACEM)

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Elisa Barthes

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