Caravage le film : Hommage réussi au peintre qui a contrarié l’Église Catholique
Sorti au cinéma le 28 décembre dernier, le film Caravage de Michele Placido est une
œuvre singulière à laquelle se mêle le plaisir de retrouver une production italienne sur
grand écran.
Par Caroline BENSOUSSAN
Michelangelo Merisi Da Caravaggio dit « Il Caravaggio » n’a vécu que 39 ans et pourtant son œuvre reste l’une des plus magistrale de la peinture classique. Né à Milan, il s’installe à Rome après avoir perdu une grande partie de sa famille lors des épidémies de peste.
Connu pour sa vie de débauche, il a la volonté de peindre le réel, détestant et se moquant ouvertement des peintres de son époque.
Mais son art dérange. En pleine inquisition Romaine, ses œuvres son censurées. Ses madones aux grands décolletés sont jugées impures et ses petit garçons, symboles de sa perversion. Fasciné par les bas-fonds de Rome, Le Caravage s’immerge auprès de ceux qui vont lui inspirer ses plus beaux tableaux, transformant avec ardeur des prostituées en vierges et peignant la douleur, la violence, le sang, la misère, l’humiliation, s’attirant les foudres l’église catholique.
Quelques années avant sa mort, Le Caravage se rend coupable d’homicide pour le meurtre de l’aristocrate Ranuccio Tommasoni lors d’un duel à l’épée.
Règlement de compte, perte d’un pari ou peine de cœur, les raisons qui ont poussé Merisi à devenir un criminel restent floues mais n’ont cessé de nourrir l’imaginaire des passionnés. Condamné à mort pour ce meurtre, il va demander à être gracié mais ne connaîtra jamais la libération.
Du côté des acteurs, le casting se montre en grande partie à la hauteur des ambitions du film.
A travers une enquête menée par l’Ombre, inquisiteur froid interprété avec brio par Louis Garrel (l’Innocent) envoyé par l’Église pour statuer du sort du peintre, Caravage retrace les années de fuite de Merisi entre Rome, Naples et Malte.
Dans sa réalisation, Michele Placido dresse le portrait d’un homme fougueux et violent interprété par Riccardo Scamarcio (Eden à l’Ouest, Trois mètres au-dessus du ciel) qui livre une performance forte non dénuée d’humour.
A travers sa voix puissante, l’acteur a réussi à s’imprégner du caractère insolant et impulsif du peintre qui, lorsqu’il ne peint pas, passe son temps dans les tavernes à boire et à se battre, n’hésitant pas à sortir son épée qu’il porte toujours sur lui.
Si Riccardo Scamarcio et Louis Garrel se démarquent largement dans ce film, l’interprétation d’Isabelle Huppert en marquise Costanza Colonna qu’elle joue en italien sonne en revanche bien moins juste.
Avec une cadence soutenue et de nombreux flash-back, le film demande une certaine attention de la part du spectateur. Historiquement intéressante, la réalisation un peu décousue n’en reste pas moins une interprétation et Michele Placido ne s’est pas privé de prendre quelques libertés scénaristiques. L’histoire de Michelangelo Merisi reste très romancée, en particulier sa mort.
Des choix cohérents dans la trame mais parfois peu fidèles à la vie du peintre.
Malgré ces quelques déceptions, le film reste une œuvre visuellement magnifique.
Le réalisateur ne s’est pas seulement concentré sur les excès du Caravage mais a aussi accordé une très grande place à son travail.
Grâce à une maîtrise précise de la lumière, chaque séquence est un hommage au maître du clair-obscur. Michele Placido a fait de son film un gigantesque tableau, imaginant les scènes qui ont donné naissance aux plus beaux chefs d’œuvres de la peinture classique.
Pour son esthétisme et pour la passion qui s’en dégage, Caravage, actuellement en salle est un film à voir.
Visuel : Affiche