Opéra
Le Voyage dans la Lune à l’Opéra-Comique : un coup de pouce aux jeunes chanteurs

Le Voyage dans la Lune à l’Opéra-Comique : un coup de pouce aux jeunes chanteurs

30 January 2023 | PAR Victoria Okada

L’Opéra-Comique présente actuellement un spectacle, initialement créé en 2021 sans public sous la restriction sanitaire – et diffusé numériquement -, spécialement conçu pour les jeunes chanteurs de sa Maîtrise populaire : Le Voyage dans la Lune. La mise en scène de Laurent Pelly est réalisée en collaboration avec Agathe Mélinand qui a réécrit et actualisé un livret traversé par l’idée de l’écologie à l’ère des recherches exoplanétaires. 

« Les Frivos » dans la fosse pour cette musique belle, légère et entraînante

Offenbach a toujours un air de fête, et c’est une belle fête pour les solistes et choristes de la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique. Si ceux-ci ont souvent donné des concerts, c’est la première fois qu’une production entière leur est consacrée. Et ce n’est pas une version en famille, simplifiée et éventuellement participative comme l’on en voit fleurir un peu partout aujourd’hui. S’il y a eu quelques coupures – assez facilement repérables sans même connaître l’œuvre par cœur -, le plaisir de la musique, belle, légère et entraînante, est intact, surtout quand elle est interprétée par Les Frivolités Parisiennes
Dès son origine, l’orchestre est dédié à la musique dite légère, mais quel chemin il a parcouru depuis sa création en 2012 ! Aujourd’hui, dans la fosse de l’une des plus belles salles de France, idéalement taillée pour son répertoire, les musiciens des « Frivo » (comme l’appellent les habitués), sont comme des poissons dans l’eau. Sous la direction énergique d’Alexandra Cravero, ils nagent entre les notes et les portées, entre les différents timbres et différents rythmes typiquement offenbachiens. Si parfois les cordes paraissent un peu en retrait par rapport aux harmonies, elles compensent cette petite faiblesse avec de beaux phrasés toujours chantants.

La mise en scène est simple mais égaye la fable

La mise en scène de Laurent Pelly est moderne comme toujours ; il situe subtilement l’intrigue de nos jours tout en gardant la fantaisie d’antan. Ainsi, dans la première partie, le royaume du roi Vlan est envahi de bouteilles et de sacs en plastique (décors de Barbara de Limburg), d’où son fils le prince Caprice veut s’enfuir. Le prince est-il vraiment capricieux ? Son désir de quitter sa Terre natale est-il vraiment motivé par l’unique envie de voir ailleurs ? Quand on voit son ras-le-bol contre la bêtise humaine symbolisée par les montagnes de déchets, allons-nous trop loin dans notre interprétation ?
Quant à la fantaisie, elle est matérialisée par ce canon qui envoie à la Lune les trois terriens, le roi Vlan, le prince Caprice et Microscope, le scientifique, et qui semble tout droit sorti d’un dessin animé ou d’un film pour adolescents. Ce canon pointant la lune est admirablement réalisé, avec un effet de perspective ingénieusement intégré ; il en est de même à l’arrivée sur la lune.
Cette Lune, toute blanche, est dénuée de décors, si ce n’est la présence de quelques grands accessoires. En revanche, les personnages sont habillés par des costumes tout blancs et délicieusement « futuristes » (de Laurent Pelly). La personnification par les costumes de ces habitants lunaires, à commencer par le roi Cosmos et la princesse Fantasia, est réellement divertissante, dans la lignée des contes pour enfants.
Bien que très simples, ces éléments visuels jouent magnifiquement leurs rôles pour égayer la fable.

Les jeunes solistes et chanteurs de La Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique

Les chanteurs sont tous des anciens ou actuels maîtrisiens populaires de l’Opéra-Comique, excepté Franck Leguérinel dans le rôle du roi Vlan. Les solistes (le prince Caprice, la princesse Fantasia, Microscope et le roi Cosmos) ont fait partie de la Compagnie Sans Père, qui est devenue en 2012 la Maîtrise populaire. Ils ont chacun leur domaine de prédilection ; certains sont plus talentueux dans le théâtre, d’autres plus brillants dans le chant. Parmi eux, Ludmilla Bouakkaz, alias la princesse Fantasia, a offert la fameuse ariette « Je suis nerveuse » avec beaucoup d’esprit et d’agilité colorature. Sa diction est claire, sa projection agréable. Elle est également rompue pour les jeux de théâtres ainsi que pour les passages parlés, si bien que nous voudrions la réentendre dans d’autres rôles, et pas seulement dans le répertoire français.

L’Opéra-Comique réussit, une fois de plus, à donner un beau coup de pouce aux jeunes chanteurs. Il confirme ainsi sa place prépondérante dans la formation d’excellence des générations futures.

Visuels © Stefan Brion

Disparition de Tom Verlaine, figure du punk-rock et leader de Television
Germaine Tailleferre à la Cité de la Musique, l’hommage musical de l’Orchestre de Chambre de Paris
Victoria Okada

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration