
Pour sa dernière journée, le festival Bien fait joue avec les lois de la physique
Le festival Bien fait, organisé par Micadanses, s’achevait ce soir avec une programmation qui entendait régler ses comptes aux lois de la physique.
Accueillis d’abord au fond d’un studio de danse par le buste de Marie-Jo Faggianelli, les spectateurs prennent place face à un plateau envahi de foin. Telle la Winnie de Beckett, la danseuse n’en laisse émerger que la tête et le haut d’un buste revêtu d’un chandail bleu, harmonisé à ses yeux. Aux odeurs de grange répond le son des flots. À la manière d’une femme qui se noie, Marie-Jo Faggianelli laisse parfois tout son corps s’engloutir, ne laissant plus surnager qu’un bras. Et la voilà qui réapparaît, défiant l’asphyxie promise par cet étrange plongeon.
À ce jeu du foin succède celui du sable et des lumières : une douche de grains de sable, doucement éclairée, commence le spectacle suivant. Le public devine les silhouettes de Tanya Lazebnik et Jimmy Virani peu à peu éclairés. Au rythme du vent et de la musique, Tanya Lazebnik danse au sol, comme montée sur ressorts : sa chorégraphie joue avec subtilité du baudrier qui fait fi de la pesanteur. S’il lui permet de quitter très momentanément terre, la danseuse rase presque toujours celui-ci, en une proposition qui refuse le spectaculaire. Mouvements pendulaires se mêlent alors aux halos de lumière qui rejoignent la danse.
Si le dernier spectacle semble promettre un moment plus léger, démarrant clairement sur le ton du one man show, la gravité refait rapidement surface. Joachim Maudet nous propose en effet une interprétation très personnelle du fameux “Gigi l’amoroso” en mettant en avant le tragique du personnage. La danse de vêtements qui s’égarent – Joachim Maudet se déshabille progressivement – figure alors les illusions perdues.
Ces spectacles étaient accompagnés d’une exposition de Tanya Lazebnik constituée d’expériences permettant d’éprouver les lois du magnétisme.
Spectacles
Un Cœur réduit à point, Marie-Jo Faggianelli – Essai sur le vide, Tanya Lazebnik – Gigi, Joachim Maudet
Visuel : Essai sur le vide, Tanya Lazebnik, crédit Gilles Dantzer