Matter, les matières chamaniques de Fernando Cabral au festival Bien Fait
Le magnifique interprète Fernando Cabral, souvent vu chez Dominique Brun, dresse pour Bien Fait !, le festival de jeune création de Micadanses, un autoportrait multiple qui convoque toutes les “matter” .
Ne cherchez pas, “matter” n’existe pas en portugais. En tant que mot en tout cas ! C’est une fabrication qui sonne comme “matière”, “mother”, “mer”, “mère”… et visiblement, pour Fernando Cabral , la “matière” principale, ce sont les “mères” de sa famille, dont il parle de façon très… immatérielle. Vous allez le voir, dans ce spectacle, il est beaucoup question de sensations.
Matter se déploie comme une nuit qui laisse sa place au jour, mais un jour d’été en plein soleil. C’est une longue nuit, une quête où les pensées sont lourdes, elles pèsent dans un sac jaune très opaque, elles se traînent. Elles glissent sur les cervicales sans les casser, elles glissent sur le torse avant d’être enfin laissées de côté.
Fort de cet objet, le danseur amène avec précision et lenteur son geste, une torsion des côtes qui va l’entraîner loin, très loin dans une transe kinesthésique.
Au fur et à mesure, la lumière bien écrite de Séverine Rième accompagne le mouvement. La danse se fait plus ample et plus espiègle aussi. Le souffle se laisse entendre et autorise des onomatopées à s’échapper. L’idée d’une possession douce se fraye un chemin
Les pas empruntent aux écritures folkloriques brésiliennes alors que les yeux convulsent. Tout le travail de Matter est de prendre conscience que, justement, entrer dans un autre état est un long voyage. Matter fait du bien, il entre en nous en vibrations dans son flow teinté de samba.
Il amène dans ses torsions et ses relâchements les rituels de guérison de sa grand-mère. Dans un geste aussi élégant que symbolique, Cabral brise les chaînes qui cachent les femmes sous les (jolis) foulards.
Et l’on rêve de voir Matter de bien plus prés pour pouvoir accéder encore mieux et encore plus à cette entrée en transe libératrice et précise. Cela tombe bien, quelquefois, les rêves se réalisent, puisque ce soir à 18 h 30, le spectacle se donne en plein air. Allez-y !
20 SEPT • 18 h 30 • HORS LES MURS, SUR LE SOCLE
FERNANDO CABRAL, MATTER in situ. Entrée libre . La représentation sera précédée d’un verre à 18h.
Le festival Bien Fait se clôt, lui, le 21 avec une très belle affiche :
MER 21 SEPT • 20h • GRAND ÉCART- A MICADANSES
MARIE- JO FAGGIANELLI, Un cœur réduit à un point…
JOACHIM MAUDET, GIGI
TANYA LAZEBNIK, Essai sur le vide (Fall in sight – Chapitre 1) *
Visuel : ©Alexandra Dreyfus