Danse
L’Onde de choc de Nacera Belaza s’abat sur le Printemps de la danse Arabe

L’Onde de choc de Nacera Belaza s’abat sur le Printemps de la danse Arabe

30 June 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En clôture de l’édition 2021 du Printemps de la danse arabe qui se tenait cette année à la MC93 et aux Rencontres chorégraphiques, l’IMA accueillait Le Cercle de Nacera Belaza, une danse vibratoire, hypnotique, en noir et blanc.

Pas de deux amoureux

En préambule, la pièce de Johanna Faye et Saïdo Lehlou, Iskio prend place, dansée par Risscla et Mulunesh Tebebu. Il s’agit d’un pas de deux à la fois hip hop et krump où les rapports sont doux et amoureux. L’une est le support de l’autre, les individualités se font paroles silencieuses. 

La danse glisse et pourtant il y a de la violence et du combat dans ces rapports humains très proches. La pièce questionne le rapport à un autre familier. 

Cet élégante et tendre première partie agit comme un passage entre le monde extérieur et celui de la représentation. Déjà avec le collectif FAIRE et cette courte proposition (30 mn) nous entrons dans une danse d’écoute, dans une transition douce vers le Cercle.

Hypnose en noir et blanc

Nacera Belaza est une chorégraphe très singulière dont le travail est unique. Elle seule travaille le plateau comme une photographe, en noir et blanc. Sa danse est faite d’apparitions et de disparitions fantasmagoriques. Le cercle est un chef d’œuvre. C’est un geste dément qui s’étire, se contracte et explose pendant une trop petite heure. Si ce n’était pas si intense, il aurait fallu que “ça” dure une nuit, une nuit de transe. 

Sur scène, ils ne sont que des ombres, invisibles. Dalila Belaza, Aurélie Berland, Bethany Emmerson, Magdalena Hylak, Mohammed Ech Charquaouy et Paulin Banc agissent dans un corps collectif. Un seul corps. Pourtant, ils n’évoluent pas forcement ensemble, pas au même rythme. La bande son est elle aussi en mouvement, elle est mixée presque totalement en direct en fonction de l’énergie qui circule entre eux et nous. Au commencement, il y a la nuit, et nos yeux décèlent une forme qui avance jusqu’au bord. Elle sera rejointe par deux autres danseurs. Puis, parfois ils seront lâchés comme des fauves avant de se montrer seuls et puissants. 

Mystique vibrante

Au son des tambours où au début se glisse la voix de Nina Simone, les tremblements donnent aux danseurs des allures de spectres ou de flammes. Il y a de la mystique là-dedans, il y a ces danses orientales qui font vibrer le corps de la tête aux pieds. Mais ici, le genre n’existe pas, tout le monde est voilé par la pénombre. Ce qui est présent, c’est la trace du mouvement extrêmement rapide qui laisse son emprunte dans une illusion d’optique. Le geste est hip-hop, oriental, il est l’autre, il est le son. Il y a ce moment où un danseur saute comme si il était monté sur ressort faisant marteler le tambour. A voir c’est fou, on a du mal à y croire.

Du point de vue de l’écriture cela témoigne d’une exigence folle. Car pour laisser les corps agir librement, il faut beaucoup d’écoute et beaucoup de structure. Ici on ne compte pas ses pas, ici on ne voit pas. On ressent. C’est une danse très particulière car elle inscrit des motifs répétitifs sans chercher, comme peut le faire le merveilleux Alessandro Sciarroni, ni la performance, ni l’épuisement. 

C’est dément car c’est en dehors de tous les codes chorégraphiques connus. En fait, cela ne ressemble à rien d’autre qu’à un spectacle de Nacera Belaza

D’autres bijoux sont en tournée : 

Au Kunstenfestivaldesarts du 3 au 7 juillet, 

21, 22 juillet 2021, La Nuit & Sur le fil, GREC Festival, Barcelone (ES)

23 septembre 2021, L’Onde, L’Échangeur CDCN, Chateau-Thierry (FR)
 
13, 14 novembre 2021, L’Onde, Romaeuropafestival, Teatro India – Teatro di Roma (IT)
 
15 décembre 2021, L’Onde, Arsenal, Cité musicale, Metz (FR)

Visuel : ©Antonin Pons Braley

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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