“L’ivresse des croisées”, Benoît Lachambre nous enivre au bois
La dernière fois c’était Snakeskins, un solo organique qui nous amenait aux limites de la sexualité sado-masochiste au petit jour. La violence, Benoit Lachambre l’apprivoise, et hier, dans une clairière bien planquée du Parc Floral, il nous a entraîné dans une autre forme de défonce.
Benoît Lachambre et Daniele Albanese ont l’air d’être loin. Le visage caché par les capuches de leurs sweats, le jean défraîchi, ils errent comme à la fin d’une rave. Ils sont là quand le public marche vers eux et vient au choix, s’asseoir au sol ou sur des tabourets ou alors être débout ou marcher. La liberté est totale tout autant que la sensation très nette d’enfermement. Pourtant nous sommes en plein air, avec pour seule bande son le chant des oiseaux de cette heure entre chien et loup. Ils sont ermites, fous, drogués, les trois à la fois.
Ils sont deux danseurs qui s’ignorent souvent, qui convulsent au ralenti, qui font corps avec la nature. Leurs regards sombres et percants sont là. Leur aura est nette, ils dégagent une attirance malsaine.
La danse est déliée, dépossédée, les jambes se font molles, les genoux s’expatrient, l’herbe les accueille de tout leur long et les arbres font ici figure d’enceinte crachant de la techno sourde.
Intense, la performance l’est, aidée par le froid qui hypnotise et transi. La force des éléments (le vent, la pénombre qui arrive, les frissons) contribue à nous laisser comme en suspension, témoins voyeurs d’une scène intime.
L’apport de cette performance est de s’inscrire dans la nature, dans une radicalité du geste que ni une création lumière ni une composition musicale ne viennent appuyer.
Le festival June events a lieu jusqu’au 20 juin. Au programme, un focus alléchant sur DD Dorvillier
Visuel : ©Richard Louvet