Danse
Lancement des « Saisons Russes » au Théâtre des Champs-Elysées

Lancement des « Saisons Russes » au Théâtre des Champs-Elysées

30 June 2012 | PAR Kylhian Hildebert

La quatrième édition des Saisons Russes en hommage à Sergueï Diaghilev s’est ouverte au Théâtre des Champs-Elysées. Une foule de spectateurs avides de redécouvrir des chefs-d’oeuvre des Ballets Russes vont se presser durant quatre jours avenue Montaigne ; malheureusement la programmation propose trois productions, hélas inégales…

La soirée s’ouvre avec Cléopâtre – Ida Rubinstein, ballet conçu au XXe siècle par le réformateur et chorégraphe des Ballets Russes de 1909 à 1923 Michel Fokine, qui avait alors été acclamé par le public parisien tant il était novateur. Cette année, il nous est proposé une nouvelle version rendant hommage à la fois à Michel Fokine, dans sa capacité à reprendre d’immenses compositions classiques pour illustrer les chorégraphies, mais également à Ida Rubinstein (1885 – 1960) qui incarna à merveille Cléopâtre lors de la première représentation.

Dans cette production qui mélange aussi bien la musique de Maurice Ravel que Stravinski, Glazounov ou encore Jules Massenet, le manque de cohérence se fait cruellement ressentir. Les tableaux s’enchaînent sans qu’il y ait nécessairement de liens entre eux. Qui plus est, seule Ilse Liepa est valorisée ; les autres danseurs semblent plus être des figurants que d’autres personnages du ballet, bien que certains éblouissent par leur talent, ils ne sont que trop peu utilisés. Dans cette assemblage il  semble évident qu’alternent les moments de pure beauté et d’autres où le temps se fait ressentir (cela par le manque de propos ou une mise en scène peu inspirée) ; néanmoins, cela permet de découvrir d’une façon inédite des chefs-d’oeuvre de la musique classique.

Dans Le Spectre de la Rose Michel Fokine avait choisi d’utiliser la musique de Carl Maria von Weber (L’invitation à la danse), inspiré par les vers d’un poème de Théophile Gauthier “Je suis le spectre d’une rose – Que tu portais hier au bal”. L’argument est d’une simplicité extrême : la jeune fille en question rentre du bal et dans un semi-sommeil rêveur elle voit le Spectre de cette fameuse rose entrer par la fenêtre et l’inviter à danser une valse. Cette production entre onirisme et fantastique fonctionne très bien, rapide (à peine dix minutes) elle n’en est pas moins efficace et offre enfin la cohérence dont la première production semblait dénuée.

Le clou du spectacle arrive avec L’Oiseau de feu, premier succès international pour le jeune Igor Stravinski qui nous est présenté de manière somptueuse. Les décors émerveillent tant ils nous transportent dans des contrées oniriques et mythologiques. Durant la cinquantaine de minutes que dure le ballet, le regard et l’ouïe sont happés ; chaque scène est excellemment bien effectuée, de l’interprétation des danseurs à la lumière, des principaux personnages aux figurants ; tout est très bien ordonné. Il s’agit sans doute d’une des plus belles représentations de cette fin de saison dont on ne fera pas l’économie des superlatifs (meilleurs décors, costumes, meilleure scénographie…). Le seul défaut qu’on pourra lui objecter est évidemment la musique, qui est enregistrée ; alors qu’on eût préféré un véritable orchestre live (et cela pour les trois productions) ; ce manque de vibrations dues aux frottements des archets sur leurs cordes, des percussions, au souffle aigu de la flûte traversière, et de tous les instruments qui composent un orchestre symphonique, se fait bien sûr ressentir.

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Kylhian Hildebert

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