
Jérôme Bel fait parler la danse
Cédric Andrieux 50′ aurait pu porter le sous titre de danse expliquée aux enfants. 50 minutes dans la voix et dans les pas de Cédric Andrieux pour une plongée dans une histoire personnelle de la danse contemporaine
La version présentée au Théâtre de la Ville pendant ces trois jours est une nouveauté. Le spectacle a reçu les coupes nécessaires pour être vu et compris par un tout public dès 10 ans.
Cédric Andrieux, athlétique et magnifique jeune homme de 34 ans a le regard sombre malgré sa blondeur. Il arrive en tenue de répétition, survêtement tranquille. Il commence par parler, longtemps avant de danser, comment justement ce gamin né à Brest en 1977, puis ado fan de la série Fame a décidé de danser ? Il a le parcours exemplaire. Lauréat du conservatoire, un départ à New-York par amour et aussi pour rejoindre la compagnie de Jennifer Muller. Puis la consécration dans la dureté de Merce Cunningham.
La douleur est l’un des fils de ce spectacle où Cédric annonce à chaque fois ” je vais vous montrer”. Alors il montre, avec quel enchainement il gagne le premier prix du conservatoire puis, il y a pendant 9 ans, le travail sous la direction de Merce Cunningham, dieu vivant de 80 ans qui continue de danser virtuellement grâce à un logiciel conçu pour lui. Pendant les quatre premières années, Cédric souffre repoussant sans cesse ses limites, se sentant parfois humilié. L’amour d’un nouveau compagnon lui permet de tenir. Pourquoi ? Il montre encore, vêtu du célèbre académique, les mouvements contraints dont jaillit une étrange beauté. Tours empêchés, dos déplacés, et cela fonctionne, jusqu’en 2007, date où il intégrera le ballet de Lyon, accédant à la douceur des mouvements de Trisha Brown .
Par les mots puis les pas, Jérôme Bel réussit à nous faire plonger dans le métier de danseur, dans l’exigence des répétitions. Nous accédons ici au -dessous des cartes. Que ce passe-t-il dans la tête d’un danseur quand il s’échauffe ? Comment les danseurs de Cunningham intègrent le rythme sans musique ? Ce solo se place dans un travail du chorégraphe sur les interprètes commencé en 2004 avec la danseuse du corps de ballet de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau. Une introspection magnifique qui a suscité parmi le jeune public des questions passionnantes.
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