
Continu de Sasha Waltz au festival Automne en Normandie
À l’opéra de Rouen et dans le cadre du festival Automne en Normandie se donnait vendredi et samedi soir Continu, une pièce plutôt sombre écrite par Sasha Waltz pour 24 danseurs. Un voyage esthétique de l’obscurité à la lumière dans lequel elle interroge la violence des relations, les effets de groupe, le couple et l’individu.
Donnée au Neues Museum de Berlin et au Maxxi de Rome, l’œuvre en trois parties se joue dans un espace neutre, un cube vide et noir dont les hauts murs et l’absence totale d’issues enferment les danseurs sur le plateau.
La première partie présente un chœur tragique de femmes vêtues de longues robes noires qui se livrent à des mouvements de ronde, des gestes féminins entrecoupées de coups saccadés tels des battements de cœur au rythme des percussions puissantes de Xenakis interprétées en direct. La deuxième partie explore les relations au sein d’un groupe et d’un couple. La scène devient un terrain de tensions où se produisent scènes de rixe, éclatements, attractions, rejets, violences. La danse est affolée, urgente. La troisième partie est la plus intéressante dans la mesure où la danse devient plus singulière, plus surprenante à l’image du solo musclé d’une danseuse dans le silence.
La danse physique et pulsionnelle de Sasha Waltz est techniquement complexe mais splendide à contempler et parfaitement exécutée par les danseurs de la compagnie multi-culturelle dans son identité comme dans ses inspirations. On regrettera le manque de cohérence entre les parties et surtout la froideur de l’ensemble, dont l’énergie palpable fait certes penser à celle du Sacre de Pina Bausch, à l’exception que là où cette dernière parvenait à nous emporter dans une respiration commune et éprouvante, Sasha Waltz donne le sentiment de nous laisser à l’extérieur du spectacle.
Continu est un beau et copieux ballet, mais foisonnant jusqu’à l’excès, et qui, par sa trop grande agitation, manque de lisibilité et parasite certains moments qui seraient par ailleurs magnifiques s’ils étaient isolés et mieux mis en valeur.
Le spectacle s’est donné dans le cadre du Festival Automne en Normandie les 29 et 30 novembre 2013 à l’opéra de Rouen.