
Christophe Alévêque : horriblement hilarant.

A une semaine du premier tour des élections, les humoristes s’organisent et se déchaînent pour mettre en lumière tous les travers de nos politiques. Si certains se font simples commentateurs cyniques et acerbes de l’actualité, Christophe Alévêque a choisi quant à lui de se mettre jusqu’au 6 Mai (date du second tour de la présidentielle), dans la peau de: “Super Rebelle et candidat libre”, parodiant ainsi tant l’attitude et la posture que le programme de nos politiques.
Le théâtre finit à peine de se remplir que quatre musiciens vêtus d’une mini cape de Super Rebelle et d’un slip kangourou rouge porté sur leur pantalon, investissent la scène et chauffent la salle. Sur chaque siège sont déposés de petits drapeaux portant le nom du vrai faux candidat. Puis la musique se tait, les lumières s’éteignent, alors que l’on pense voir entrer le comique sur scène, un écran nous présente le Super Rebelle Candidat qui, depuis septembre 2011 déja, sillonne les marchés français avec son slogan : «Quitte à voter nul, votez pour moi». Tout à coup, les projecteurs s’emballent et virevoltent, la musique reprend sur l’air de Tata Yoyo version fanfare, enfin, le candidat Christophe Alévèque arrive du haut de la salle, saluant la foule sous une pluie de ballons et faux billets de cinq cents euros.

Derrière son pupitre d’orateur, l’humoriste s’ingénie à singer les politiques mélangeant savamment les attitudes et tics des uns et des autres, avec une préférence pour ceux de Nicolas Sarkozy dont le jeu d’épaule viendra ponctuer l’ensemble du spectacle.
En se mettant en position de « candidat », le comique s’offre une liberté de ton et de parole formidables et force est de constater qu’il s’en donne à cœur joie. Président, futurs candidats, ministres ou anciens ministres, tout le monde en prend méchamment pour son grade. Ainsi, de sa plume acérée il affuble le gouvernement actuel de surnoms tapageurs et ravageurs. En outre aucun sujet n’est épargné, de l’affaire DSK à l’affaire Woerth-Bettencourt, du conflit syrien au drame de Toulouse en passant par la situation économique de la France et de l’Europe, des agences de notation aux sondages, Alévêque évoque tout et surtout, ose nous faire rire de tout. En observateur aguerri, il peint une république constamment égratignée et dresse le portrait des déviances de la vie politique, des ficelles dont il use avec excès comme pour mieux les mettre évidence. “Plus la ficelle est grosse plus le con monte à l’arbre!” déclare t-il d’ailleurs.

“Trivial pour être au niveau de la campagne “, piquant et insolent, Super Rebelle met en exergue toute l’incongruité de la vie politique française, l’extravagance de nos dirigeants ou de leurs aspirants, ainsi que le caractère antinomique de leurs idées ou décisions et se révèle monstrueusement drôle. Terriblement acide, horriblement cinglant, excessivement cynique, clairement politiquement incorrect, mais surtout affreusement hilarant, Christophe Alévêque réussit le pari de nous faire rire pendant deux heures en parlant de politique.
En effet, du début jusqu’à la fin le public rit de bon cœur, comme s’il faisait bon d’être méchant. L’humoriste décrit son spectacle ou plutôt son ” meeting ” comme une thérapie démocratique, et il est vrai que de le voir ainsi extérioriser ce que l’on n’ose penser, l’on sort plus léger du théâtre du Rond-point. C’est d’ailleurs dans la légèreté qu’il achèvera son spectacle, entonnant candidement un petit Papa Noël dont les dernières paroles seront toutefois: “aux armes citoyens!”.
Christophe Alévêque est Super Rebelle… et candidat libre ! , jusqu’au 6 Mai au théâtre du Rond-point, renseignements http://www.theatredurondpoint.fr