Danse
Au Théâtre du Crochetan (Suisse), le “Shows” clôture la 1ère édition du Festival Existe !

Au Théâtre du Crochetan (Suisse), le “Shows” clôture la 1ère édition du Festival Existe !

29 November 2022 | PAR Chloé Coppalle

Ce samedi, la première édition du Festival Existe, consacré au hip hop et à la danse urbaine au Théâtre du Crochetan (Monthey, Suisse), s’est clôturée par un ultime spectacle ! Nommé Shows, il a mis à l’honneur sept talents du hip hop suisse, dont la poésie de certains nous a marqués !

Après les battles, gagnées par le danseur genevois Kaneki Ace, ce fut au tour des danseurs Pakissi, Tamara Mancini & Branca Scheidegger, Mainevent Fam, Studioleszart, Cafe con Leche, et Yuri&Brooklyn, de prendre place sur scène ! Le final fut donné par une performance des deux organisateurs du festival, David Gross et Matteo Santoro sous le nom de Cooper&Voldo.

Une ouverture de bal pédagogique et singulière avec Pakissi Indigo

C’est le danseur Pakissi Indigo qui ouvre la soirée en mettant l’accent sur le processus de création ! Une mise en bouche qui décortique la composition de sa musique sur scène. Une manière d’interagir avec le public, mais aussi de faire un clin d’œil à l’atelier DJ’ing de Jon Kwizera. Le danseur ouvre la soirée comme Jon Kwizera a ouvert le festival dans la matinée : en abordant la question du son ! Puis c’est la danse. Une danse dans le sentiment, aux gestes qui partent du visage, du cou, du cœur. Bien qu’on aurait préféré voir l’artiste danser davantage, son passage est une manière singulière d’amener une des thématiques principales de la soirée : l’expression des démons internes et des peines.

3/6 pièces et un fil rouge : l’expression des émotions

Une problématique qu’a défendue Mainevent Fam, groupe de Krump, quatre danseurs et Nadia Ladeiras, connue pour avoir abordé les violences conjugales à l’émission Incroyable talent avec Dakota Simao. Ici, elle apparaît d’abord seule dans un cercle lumineux. La danseuse raconte l’histoire d’une jeune femme qui se prépare, en sortant de la douche. Tapis dans le noir, les quatre hommes aux visages cachés par capuche et casquette s’en approchent, s’en éloignent, tentent de l’effleurer. Rapides, ils semblent insaisissables. Ils sont le danger qui va arriver. La voici prise dans des mouvements tourbillonnants. La tête de la danseuse tourne, ses bras se croisent et se décroisent parmi le quatuor : le traumatisme les a malheureusement liés. La danseuse se faufile entre les danseurs, les affronte, leur fait face, et reprend le contrôle, parfois, quand elle les choisit un par un pour décider de leurs pas. La pièce peut représenter à la fois la lutte de l’agression et la lutte psychologique qui s’ensuit. Un peu longue sur la fin, elle permet à Nadia Ladeiras de redévoiler son talent et sa précision sur scène.

De son côté, la compagnie Studioleszarts aborde le sujet des ressentis sous l’angle de l’estime de soi. La compagnie est portée par le danseur Mam’s, gagnant du Red Bull Dance Your Style 2021 et questionne en partie l’impact des réseaux sociaux sur nos propres images. Sous les sonorités des chansons “Civilisation”, de Orelsan, ou “Copier/Coller”, de Bigflo&Oli, la troupe propose une véritable pièce théâtralisée. Les phrases chorégraphiques sont pensées selon celles qui sont chantées. La performance met au centre le « je » et son reflet social dans de très beaux tableaux portés par l’utilisation de masques et de miroirs. Alors qu’on pourrait s’attendre à voir ces thématiques dans un solo, les matérialiser par un grand nombre de danseurs est intéressant car il rend plus réel l’impact du “je” au sein du groupe. Le spectacle est beau à voir et met en lumière une technique puissante.

La voix off. Invitée surprise de nombreuses performances ce soir-là, on la retrouve également dans la très belle Altroïsmede Cooper&Voldo. Elle y apparaît comme une conscience, à l’instar de Âmes, réalisée par Fouad Boussouf. De la même manière que Mathieu Morelle y accompagnait Sami Blond, Matteo Santoro suit David Gross comme une ombre, puis comme une conscience bienveillante, une présence qui en prend soin et le soutien. Le duo est magistral. La pièce est parfaitement aboutie. Placés au centre de la scène, les deux danseurs prennent tout l’espace. Ils traversent ensemble des questions sur l’estime de soi, sur la manière de gérer ça. La fumée qui compose le décor souligne le lyrisme de ce dialogue intérieur. La lumière se concentre un moment sur Matteo Santoro, comme s’il était une voix à la référence iconographique divine, un rayon lumineux dans ce stress interne.

3/6 pièces et Michael Jackson : une soirée variée

Parallèlement à ces trois pièces réunies par ce fil rouge, le reste de la soirée était plutôt diversifiée. À commencer par la découverte de Tamara Mancini & Branca Scheidegger venues présenter une pièce graphique particulièrement remarquée. C’est grâce à un appel à proposition lancé par le festival que le duo s’est imposé ce samedi soir. Plutôt issues de la danse contemporaine, les deux danseuses se sont produites sur de la musique aux tonalités végétales : la mer, le vent, pour ouvrir leur spectacle par le dessin d’une fleur. Dans un grand rectangle gris se fondent des jeux de dehors et de dedans, de ce que l’on voit et laisse apparaître. La performance se regarde frontalement. La poésie de l’ensemble emporte la salle. On retrouve du hip hop le jeu des bras, très présents, qui dessinent des lignes dans un univers coordonné, géométrique, symétrique. 

Une rigueur méthodique qu’on retrouve dans le show de Yuri&Brooklyn, membres de la compagnie Caractère. Ici, les deux danseurs ne dessinent pas des figures parallèles entre les deux corps, comme chez Tamara Mancini & Branca Scheidegger. Ils sont les deux corps. Leur danse se fond dans celle de l’autre. La chorégraphie marche comme une sorte de Tetris, dans lequel ils s’assemblent, passe sous le bras de l’un, au-dessus de la jambe de l’autre, dans un carré dessiné par l’un, dans un cercle dessiné par l’autre. Le point de départ est un contact physique constant entre les deux danseurs, qui ne se lâchent pas. La deuxième partie fonctionne davantage sur une danse en miroir, où on retrouve les pas au sol de la danse urbaine, mais dans des rythmes ralentis. La musique, lunaire, nous emmène dans un univers cosmique. Techniquement, la chorégraphie fonctionne, mais ensuite ? 

Enfin, le duo Cafe con Leche s’est distingué par une performance originale, au trois références complètement opposées : Michael Jackson, les danses latines comme la salsa, et le hip hop ! Une réunion des styles singulière à laquelle on ne s’attend pas, mais qui fonctionne ! Deux potes sur un banc qui se mettent à danser dans trois tableaux chorégraphiques aux différents airs. Un premier moment aux sonorités latines et aux déhanchés, qui s’opposent aux pas inspirés du roi de la Pop : main sur la ceinture et l’autre au chapeau. La deuxième partie est plus exclusivement inspirée du hip hop et le dernier chapitre mixte les trois univers. Malgré des transitions un peu sèches, le spectacle marche bien, il est audacieux !

L’enjeu de la soirée était de proposer aux artistes la réalisation d’une création originale de 15 minutes. Pari tenu pour ces sept groupes, qui ont tous proposé des performances abouties. Le Shows nous a présenté de vrais shows, et clôture une première édition parfaitement menée ! 

Festival Existe
Théâtre du Crochetan
Monthey, Suisse
Samedi 26 novembre 2022

Visuels : © Muriel Rieben

1 – Cooper&Voldo durant leur pièce “Altroïsme”

2 – Le danseur Mam’s avec sa compagnie “Studioleszarts”

3 – Le duo Cafe con leche, composé de Cruzito & Paping Chulo qui représente la catégorie Popping

4 – Nadia Ladeiras et la compagnie Obsidian

5 – Tamara Mancini & Branca Scheidegger durant leur pièce Idiospect

Au Théâtre du Crochetan (Suisse), le Festival Existe dédié au hip hop et à la danse urbaine, inaugure sa 1ère édition !
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Chloé Coppalle

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