
Sofia Ashraf reprend “Anaconda” de Nicki Minaj pour dénoncer Unilever
C’est sur un titre de Nicki Minaj, Anaconda, que la jeune artiste indienne Sofia Ashraf a décidé de lutter contre Unilever et l’empoisonnement au mercure dont sont victimes les habitants de Kodaikanal à cause de la multinationale. Sa vidéo, postée sur Internet il y a dix jours, a été visionnée plus de 2 millions de fois…
Kodaikanal est une station touristique perchée à plus de 2 000 mètres d’altitude en Inde. En 1983, le site a été choisi par le groupe Unilever afin d’implanter une usine fabriquant des thermomètres au mercure. Mais en 2001, une pollution industrielle se déclenche dans la région : les déchets toxiques sont abandonnés en dehors de tout circuit de recyclage. La multinationale décide alors de fermer l’usine et “omet d’informer la population et les ouvriers des dangers de l’exposition au mercure, qui génère de graves lésions au cerveau, à la moelle épinière, aux reins et au foie”, précise Libération. De plus, les victimes de la pollution ne sont pas indemnisées, aucune mesure de sécurité n’est prise et Unilever décline toutes responsabilités. Dans Mercury was everywhere, un documentaire mis en ligne au début du mois d’août, Peter Suderarajan, un ancien employé, raconte : “Il n’y avait rien pour nous laver. On avait du mercure dans les sourcils, les cils, sous les ongles. Le mercure était partout, là où nous vivions, où nous dormions, dans notre eau et notre nourriture.”
Selon Gala, face au désarroi des habitants de Kodaikanal, une ONG, Jhatkaa, a donc lancé une pétition réclamant “le nettoyage de la pollution à Kodaikanal et le dédommagement des employés”. C’est de ce partenariat avec cette plateforme citoyenne que le clip, Kodaikanal Won’t, a vu le jour. Dans ce dernier, Sofia Ashraf, une jeune indienne de 27 ans, conceptrice de campagne dans une agence de pub internationale, auteure pour le cinéma et le spectacle vivant, chante pour la cause des victimes en compagnie d’anciens employés d’Unilever. Sur le titre Anaconda de Nicki Minaj, elle rappe : “C’est l”histoire d’un Kodaikanal frustré […] Unilever est venu et a semé la zizanie […] Kodaikanal ne reculera pas tant que vous n’aurez pas reconnu vos torts”. Des mots forts qui font aujourd”hui d’elle la porte-parole des victimes. Visionné plus de deux millions de fois, le clip a connu un succès immédiat. A tel point qu’en ayant eu écho, Unilever s’est défendu dans un communiqué.
“La sécurité de nos employés est notre priorité numéro 1. Nous avons fermé l’usine et lancé une enquête sur cette affaire dès qu’elle a surgi en 2001. Alors que de vastes études n’ont trouvé la preuve d’aucun dommage sur la santé de nos anciens travailleurs et sur l’environnement de Kodaikanal, nous continuons à prendre cette question très sérieusement et nous tenons à la voir résolue” explique Unilever. Mais pour Sofia Ashraf, interrogée par Libération, “le succès ne sera complet que quand les habitants auront enfin obtenu réparation”. Des discussions entre les représentants de la multinationale et les ouvriers sont prévues cette semaine afin de régler la triste situation.
A noter que ce rap engagé n’est pas sans rappeler celui du groupe Bent al-Masarwa composé de huit artistes égyptiennes qui dénonçaient les violences faires aux femmes ou encore la musique de Helly luv, la chanteuse qui milite contre Daech.
Visuels : © Capture d’écran Youtube