Rap / Hip-Hop
Leila AD : “J’ai la chance d’avoir une communauté qui me soutient et qui aime ce que je fais” (Interview)

Leila AD : “J’ai la chance d’avoir une communauté qui me soutient et qui aime ce que je fais” (Interview)

25 November 2020 | PAR Kevin Sonsa-Kini

Influenceuse suivie par plus de 400 000 personnes, la désormais artiste Leila AD fait ses premiers pas dans la musique. Elle s’est fait connaître sur YouTube grâce notamment à des tutos make-up et des histoires plus personnelles comme le décès de son père, son adolescence parfois compliquée et les violences conjugales dont elle a été victime. Des thèmes avec lesquels Leila AD s’est constitué une véritable communauté.

Dans cette interview accordée à Toute la culture, la jeune artiste de 24 ans qui a déjà sorti deux singles : “Bombe” et “Petit Menteur” chez le label ANUBIS, se confie sur sa nouvelle carrière d’artiste et sa passion pour la musique.

Propos recueillis par Kevin Sonsa-Kini.

Toute la culture : Comment êtes-vous passée d’influenceuse sur YouTube et Instagram à chanteuse ?

Leila AD : Je me suis lancée en tant qu’influenceuse tout en ayant en tête cette idée de faire de la musique. Toute jeune, je chantais déjà dans ma chambre. Simplement, je n’avais pas suffisamment confiance en moi. Intérieurement, je n’étais pas prête pour me lancer. Et c’est pendant le confinement que je me suis lancée. Je faisais des lives sur les réseaux sociaux où je chantais, et tout de suite, on m’a proposé une signature chez le label ANUBIS.

Vos followers vous considèrent-ils désormais comme une chanteuse ou vous êtes encore une influenceuse à leurs yeux ?

J’essaie de faire une transition sans que ce ne soit brutal. Sur Instagram, j’essaie toujours être là comme avant la musique mais en changeant ma manière de faire. Je poste plus des vidéos où je chante comme des covers par exemple. Je reste toujours moi-même. J’ai la chance d’avoir une communauté qui me soutient et qui aime ce que je fais. Les gens continuent toujours à me suivre malgré le fait que je sois passée d’influenceuse à chanteuse.

Votre carrière artistique a démarré avec la sortie de votre premier single “Bombe” en juillet dernier. Le clip a dépassé le million de vues sur YouTube. Sachant que vous êtes une influenceuse à l’origine, vous vous attendiez à un tel succès ou bien vous avez tout de même été agréablement surprise ?

Le titre avait bien marché sur Instagram. Ça présageait déjà un bon succès sur YouTube où j’espérais au moins un million. J’avais quand même peur que le clip soit un flop et que les gens ne veuillent pas écouter mon son. Finalement, grâce à ce clip, j’ai gagné de nouveaux abonnés sur ma chaîne YouTube. Aussi, quand j’ai lu les commentaires, je me suis rendu compte qu’il y a des gens qui ne me connaissaient pas du tout et qui ont vu le clip.

Vous avez maintenu le succès grâce au second titre “Petit Menteur”. Cette chanson est-elle inspirée d’une histoire vraie que vous avez vécue en couple.

Oui. J’ai essayé de généraliser cette histoire pour qu’elle ne soit pas trop personnelle. Il y a des parties de ma vie que je n’ai pas trop envie de raconter. Mais effectivement, j’ai eu une relation avec un homme qui avait déjà deux femmes dans sa vie. C’est du vécu. Le but de ce titre était de faire un son pour les jeunes femmes afin qu’elles se sentent concernées.

Vous avez connu un passé assez chaotique du en partie à la mort de votre père, votre adolescence parfois compliquée et des violences conjugales subies Le fait de faire de la musique vous aide à vous libérer et évoquer ces souffrances même si vous voulez conserver un peu de pudeur ?

Oui en effet. Cette pudeur, je l’ai toujours gardée, mais je me suis libérée de tout ça quand j’ai créé ma chaîne YouTube. J’en ai profité pour parler des violences conjugales. Je n’ai pas tellement eu le courage de parler de mon père, car je n’aurais pas eu la force de parler de lui sans pleurer.

Mais ce qui est bien dans la musique, c’est qu’elle me permet de me libérer et d’exprimer des choses que je n’aurais peut-être pas dites face caméra ou dans un live dans les réseaux.

Certaines personnalités comme les rappeurs Hatik, Alrima, la chanteuse urbaine Marwa Loud et bien d’autres ont partagé vos deux premiers clips. Vous soutiennent-ils dans votre jeune carrière ?

Tous ces artistes sont des gens que je connais personnellement. Hatik est un grand ami. Je l’ai connu bien avant de faire de la musique. À l’origine, je devais tourner dans son clip “Angela” mais cela ne s’est pas fait. Hatik me donne des critiques et des conseils constructifs. Il me soutient beaucoup.

Comme j’ai pu voir dans certains médias notamment à travers un article du Monde, consacré à Aya Nakamura, le R’n’B féminin prend une nouvelle ampleur avec des artistes comme Wejdene, Ocevne (prononcé “Océane”), Imen Es ou encore Lyna Mahyem. Elles cartonnent aussi et surtout grâce aux réseaux sociaux. Pensez-vous faire partie de cette nouvelle vague d’artistes ?

Je pense que j’ai ma place, car je suis aussi passionné qu’elles. Si on me demande, dans quelle catégorie, je veux me ranger, c’est bien sûr dans celle-ci. Je suis même fière que ce soit des maghrébines ou des renois qui percent dans ce milieu, car on fait partie du même continent : l’Afrique.

“Je veux que chaque son qui sort fasse un peu plus de bruit que le précédent” (Leila AD)

Est-ce que vous préparez un EP, un album ?

Je ne parle pas d’album ni de projet parce que je veux aller crescendo, être une artiste accomplie. J’ai besoin de dépasser mes limites. Je veux que chaque son qui sort fasse un peu plus de bruit que le précédent.

Justement est-ce qu’il y a déjà des nouveaux sons qui arrivent ?

Bien sûr ! Depuis que je suis arrivée en studio, j’ai déjà enregistré quarante-huit sons. Ils sont tous terminés, écrits, posés. Plus je fais des sons et plus je suis fière de moi en les écoutant parce que je me dis que tel son est meilleur que l’autre. J’ai déjà trois sons qui sont très urbains. Je veux montrer un côté un peu plus sombre aux gens et sortir un peu de mon côté “girly”.

Visuels : Agence Rise Up

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Kevin Sonsa-Kini

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