![[Chronique] « Devil and Crossroad » de Scarecrow : du blues au hip hop il n’y a qu’un pas…](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2013/11/CD-Scarecrow-Devil-and-Crossroads-620x557.jpg)
[Chronique] « Devil and Crossroad » de Scarecrow : du blues au hip hop il n’y a qu’un pas…
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Devil and Crossroads est le véritable premier album de Scarecrow. Ce quartet toulousain propose une fusion blues du delta et hip hop urbain mêlant slides de la guitare dobro et samples de vieux vinyles. L’ep 7 titres autoproduit, véritable fer de lance de leur tournée 2012, nous revient avec une mise à jour de quatre titres supplémentaires pour remettre le feu aux planches en 2013 avec plus de 100 dates prévues.
Devil and Crossroads fait écho à la fameuse légende du carrefour attribué à Robert Johnson qui aurait vendu son âme au diable pour devenir l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand bluesman de la planète. Et il est vrai que pour tenter l’aventure d’une fusion blues et hip hop il faut surement être possédé par le diable… C’est ce qui fait surement toute la valeur des productions de Scarecrow qui tente, au culot, ces constructions sonores hybrides, et pour être franc, qui nous paraissaient improbables. Mais le pari est tenu. On sent dès l’écoute du premier track, « All Now », que la culture blues est digérée.
Surprenant autant que paradoxal, cet album va assurément toucher un public jeune, numérique et urbain, nourri au hip hop, et qui ne connait surement pas le nom d’un seul bluesman. On espère qu’en sortant d’un concert de Scarecrow cette jeunesse ira piocher dans la discographie blues à l’origine de toute musique sur la planète.
Les puristes du son du Delta du Mississippi auront surement un peu plus de mal à se nourrir de cette fusion, qui au-delà de l’effet de surprise surfe sur les clichés du folklore des champs de coton mêlé de désillusions urbaines. Le flow, sudiste, qui nous rappelle parfois I Am ou La Fonky Family, peut paraître superflu, voir inutile, et pas toujours le bienvenu.
Scarecrow reste quand même un groupe à découvrir, et qui a raison de tenter l’expérience du syncrétisme blues-hip hop pour occuper un créneau qui n’existait pas avant eux, et pour faire revivre un blues oublié des jeunes générations.
Scarecrow, Devil and Crossroads, 2013, Subsociety Groove, L’Autre Distribution
Visuel : (c) pochette de Devil and Crossroads de Scarecrow