Musique
Lucio Silla, Mozart à grands coups d’Amour

Lucio Silla, Mozart à grands coups d’Amour

25 April 2016 | PAR Bérénice Clerc

Laurence Equilbey retrouve la scène et la salle comble de la Philharmonie 2 pour une très jolie version concert de Lucio Silla de Mozart. Des voix magnifiques, une mise en espace efficace et Insula Orchestra en grande forme. 

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Le printemps est là, la pleine lune vient de quitter le ciel, il fait jour encore, froid dehors, les terrasses pleines quelques jours avant sont quasi désertes. 23 avril, anniversaire des trois ans du mariage accessible à tous les couples, filons sans nous découvrir à feu la Cité de la Musique alias La Philharmonie 2 de Paris pour écouter une œuvre de Mozart adolescent.

La foule se presse, la moyenne d’âge est haute mais quelques jeunes gens fleurissent de part et d’autre de la salle. En hauteur, comme une apparition d’anniversaire, Christiane Taubira tout sourire est là. Trêve de politique people, les regards sont rivés sur la scène, l’orchestre est en bas comme dans une fosse transparente où l’orchestre est visible mais la scène au dessus, offerte, pour une version concert mise en espace par Rita Cosentino.

Quatre panneaux noirs, dessinent l’espace, ils serviront de décor multiple où écritures, photos, jeux de miroirs et de cachettes auront lieu pour donner vie à l’histoire vraie du Lucio Cilla de Mozart.

Avant le début du spectacle les spectateurs lisent une bande dessinée réalisée par un étudiant en BD pour Insula Orchestra, elle résume avec humour et légèreté l’histoire d’amour entre Cecilio et Giunia.

Tout le monde sait maintenant de quoi le concert va parler, la musique peut commencer son voyage. Seule d’abord, Insula orcestra donne à entendre les notes légères de Mozart.

L’amour encore et toujours l’amour fera vibrer la scène avec un sens dramatique poussé.

Le dictateur romain Lucio Silla convoite Giunia, la fille de son ennemi Marius. Giunia, de son côté, aime le sénateur exilé Cecilio.

Peur de vivre, crainte du lendemain, passion, amour, doute, mort, l’adolescent Mozart glisse toutes ses passions dans cette œuvre aux pépites vocales aériennes légères offrant des morceaux de bravoure pour les chanteurs suivis de bravos et d’applaudissements quasiment à la fin de chaque air.

Franco Fagioli excelle vocalement comme sa partenaire lumineuse et passionnée Olga Pudova et le puissant Alessandro Liberatore à l’aise dans le jeu du dictateur sans sombrer dans le jeu ridicule du méchant.

Chiara Skerath et Ilse Eerens ne sont pas en reste et habitent cette version de l’œuvre de tous leurs corps et leurs voix.

La mise en espace est agréable, une version concert peine parfois à donner vie à l’histoire ici les panneaux permettent d’écrire, de s’appuyer, d’afficher des images pour symboliser les morts lors de la scène du cimetière et les chanteurs ont des choses à jouer.

Cela est un peu plaqué, les chanteurs sont très engagés mais parfois, il faut bien l’admettre il ne sont pas acteurs et leurs voix magnifiques permettent de l’oublier et de ne pas sourire du surjeu, des poses, mimiques et sortir de l’histoire et du concert.

Laurence Equilbey dirige à mains nues, engagée comme toujours, elle rend le son léger, vif, sans perdre son orchestre, les chanteurs ou le jeune chœur de Paris qui fit merveille.

Depuis les premiers rangs, les spectateurs entendent son souffle, ses râles parfois viennent créer une autre musique, rythmique, un souffle chorégraphié par ses gestes, habité par la création et l’accouchement de la musique.

Les spectateurs adorent, des bravos, des applaudissements viennent ponctuer la majorité des airs, heureusement le cabotinage n’est pas au rendez-vous et la musique reprend vite.

Un entracte avec odeur de champagne plus tard, pas de démission pour Christiane Taubira, comme les spectateurs elle est toujours là pour respirer au rythme de l’amour. Le spectacle reprend et les belles images continuent d’apparaitre et inventent un nouvel espace temps avec le son.

Les peurs, les larmes, les craintes et les peines se dissipent, le méchant renonce à tout contrôler par le pouvoir et faire le mal avec la violence, il devient gentil et tout est bien qui finit bien, l’amour triomphe tout le monde est heureux ensemble !

Ce délicieux péplum à la musique préfigurant le romantisme donnait envie que le monde soit si simple et debout comme la nuit qui attend dehors derrière les portes quand chacun rentre retrouver sa vie porté par le son et l’énergie positive de Mozart !

 

 

 

 

 

 

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Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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