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Mozart à Prague Et …à la Seine Musicale

Mozart à Prague Et …à la Seine Musicale

11 February 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

Mozart est à l’honneur à la Seine Musicale les 8 et 9 février 2022. Insula Orchestra interprète, sous la direction de Laurence Equilbey, des extraits du dernier opéra de Mozart : La Clemenza di Tito, sa 38ème symphonie et la Scène de Bérénice de Joseph Haydn. La mezzo-soprano italienne Cecilia Molinari est invitée pour ces deux concerts.

Une cantatrice italienne :

Contrairement à Vienne, Prague a toujours réservé un accueil chaleureux à Mozart. Lors de son premier séjour, il arriva avec une symphonie inédite, la 38eme qui sera crée le 19 janvier 1787 et portera le nom de la ville. L’opéra, « La clémence de Titus » a été composée par Mozart en 1791 pour le couronnement du roi de Bohème Léopold II. Œuvre de commande, il s’agit d’un opéra séria, en langue italienne alternant arias et récitatifs. Le caractère traditionnel, sérieux de ce type d’opéra sera transcendé par la beauté de la musique de Mozart, par son intensité dramatique. La cantatrice italienne Cecilia Molinari était passionnée de chant depuis l’enfance. Elle a d’abord étudié la médecine, obtenant la spécialité d’onco-hématologue. Sa carrière de mezzo soprano débute en 2015 quand après une audition elle est invitée à chanter au festival Rossini de Pesaro. Un tournant décisif dans sa vie. Depuis elle mène une carrière en Italie et en Europe mais chante pour la première fois à Paris. Elle se consacre en particulier aux œuvres de Rossini, de Mozart et au Bel canto.

La clémence d’un empereur pour le couronnement d’un roi

Le concert débute par les extraits de « La Clemenza di Tito ». Vitellia est éprise de l’empereur Titus mais celui-ci doit épouser Bérénice. Vitellia pousse son soupirant Sextus à conspirer contre l’empereur. Celui-ci aura la vie sauve et voudra débuter son règne par la clémence… L’ouverture est éclatante, en do majeur mais contrastée aussi, les accents rythmés alternant avec des moments délicats presque langoureux. Cecilia Molinari interprète l’air de Sextus « Parto, parto ». Sa voix est chaude et puissante. Elle est accompagnée par une clarinette de basset. Le spectateur peut admirer la clarinette d’époque, instrument qu’affectionnait Mozart. Un duo magnifique, une musique envoûtante, la cantatrice rend palpable les émotions du drame en cours. Dans l’air de Vitellia l’intensité dramatique est maximale. Vitellia est désespérée à l’approche de la mort. Les accents tragiques alternent avec la douceur des vaines tentatives de consolation. Elle est accompagnée par un cor basset d’époque. Superbe instrument. Cecilia Molinari apparaît telle une héroïne de tragédie grecque. Une interprétation juste, émouvante.

La tragédie de Bérénice

Joseph Haydn a composé « Scène de Bérénice » à Londres en 1795, d’après le livret de Pietro Metastasio. Bérénice, abandonnée par son amant Demetrius laisse éclater sa douleur avec violence. Nous écoutons le 1er récitatif « Bérénice che fai », un chant d’amour désespéré. La musique est tourmentée, passionnée, d’une grande puissance évocatrice, d’une grande hardiesse aussi. C’est un cri de révolte contre un destin tragique. La cantatrice réalise une grande performance artistique, par sa virtuosité et par son interprétation. Impressionnant !

Une célèbre symphonie 

La 38ème symphonie de Mozart, la symphonie Prague, débute par une introduction majestueuse, une interrogation grave qui pourrait rappeler l’ouverture de Don Juan .Cet adagio initial est suivi d’un allégro enjoué, entraînant mais contrasté aussi : la gaité,  la vivacité alternent avec des moments très mélodieux, d’une grande tendresse. Le débute de l’andante est presque plaintif, presque triste puis la musique devient plus légère. On pourrait imaginer une ballade amoureuse dans un beau paysage, peut être au bord de la rivière Vltava. La symphonie se termine par un Presto plein d’allégresse et d’énergie.
La soirée s’achève avec en Bis ; l’ouverture de Don Juan.
Ce concert nous a permis de découvrir le talent de Cécilia Molinari et de confirmer celui de l’Insula Orchestra. Laurence Equilbey a montré énergie, son sens de la nuance, sa vision « colorée, chatoyante » de la musique de Mozart

Visuel : ©JMC

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Jean-Marie Chamouard

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