Classique
“Un Requiem Allemand” incroyable à La Philharmonie

“Un Requiem Allemand” incroyable à La Philharmonie

07 February 2018 | PAR Bérénice Clerc

Paris voit la neige venir, “Un Requiem Allemand” de Brahms va élever toute la salle grâce à une verticalité majestueuse et des matières sonores en mouvement incroyables.

Brahms, Accentus, Orquestra Gulbenkian et Laurence Equilbey rendraient spirituel n’importe quel incroyant “aquoibonitste”.

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La salle est comble, 2000 personnes vont écouter ensemble un moment de grâce absolue. Sans se connaitre ils feront fusionner les timbres de leurs émotions. Des extraits des “Chants bibliques” de Dvorak pour baryton solo et orchestre ouvre le bal avec l’Orquestra Gulbenkian et Thomas Hampson. La direction de Laurence Equilbey est vive, l’orchestre semble un peu dans du coton, le Tchèque résonne, les sonorités sont équilibrées mais la salle attend le Requiem Allemand ! Le moment était joli et agréable mais le Brahms seul eut été un voyage en solitaire somptueux. 

Pas d’entracte, Accentus s’installe, hiératique figure de noire vêtue, Laurence Equilbey revient sur son promontoire, les extases par perfusion de Brahms peuvent commencer.

Chaque note, chaque souffle, chaque respiration, tout est plaisir, la décomposition de la matière sonore et sa refonte au moment de fusion sont d’une beauté rare. Comme un essaim d’abeilles ou un vol d’oiseaux migrateurs, le multiple devient unique, le déplacement du son est incroyable de finesse et de force. Du murmure à la puissance il n’y a pas de souffle, les spectateurs s’élèvent comme soulevés par la musique, suspendus au fil de la poésie des mots doux sauveurs de tous les maux. La musique comme une caresse soutient les Hommes, console, libère, réconforte.

La direction de Laurence Equilbey précise, habitée et délicate donne une force cérébrale et émouvante à l’œuvre. Elle mène avec les musiciens, les solistes et l’exceptionnel Accentus une course dense, profonde, extatique vers la vie, quand la mort pourrait faire peur.

Un Requiem Allemand de Brahms est d’une beauté rare, à couper le souffle, chaque seconde est une vie, les notes traversent les corps pareilles à des perfusions d’allégresse et de désir d’espoir même si la mort est une fin certaine.

Le sacré et l’humain résonnent à la Philharmonie en février 2018. Gageons que cette beauté va rejaillir partout dans la vie des spectateurs du soir galvanisés par la puissance et les nuances d’Accentus, la direction enveloppante de Laurence Equilbey, l’orchestre élégant, la musicalité de Miah Persson et le phrasé de Thomas Hampson.

Si la musique ouvre les portes du ciel celles du soir furent de larges passages vers la lumière, l’absolu, l’infini et bien au delà.

Les bravos résonnèrent de tous cotés de la salle, un triomphe, une allégresse à la hauteur du don.

 

 

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Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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