
Live Report’: Paul Personne à l’Enghien Jazz Festival
Depuis Mercredi le Jazz résonne partout dans la petite ville d’Enghien les Bains. Ce vendredi, la scène du théâtre du casino accueillait pour ouvrir le week-end, celui que l’on considère comme le seul et meilleur bluesman français Paul Personne. Accompagné du groupe A l’ouest avec qui il a collaboré pour son dernier album Personne à l’ouest (sorti en 2011) il a su nous emmener à travers une balade tant musicale qu’amicale, vers cette Amérique bluesy d’où il tire son inspiration
En première partie du concert, le groupe Malted Milk et sa soul funky tente de donner de l’entrain à une salle qui, si elle semble apprécier la musique reste néanmoins timide. Leur musique un savant mix de diverses influences tirées des pères fondateurs de la soul, tels James Brown, Al Green dont ils se réclament mais aussi Miles Davis ou Macéo Parker donne pourtant l’envie de bouger, de danser. Malted Milk frappe par sa facilité à faire swinguer, groover la mélodie.En effet, le groove sort naturellement du bout de leurs doigts, chacun des musiciens semble se laisser aller, littéralement glisser, surfer sur la musique, au gré des sons et de leurs envies, au gré de la soul. Chaque musicien nous ravi tour à tour de ces chorus, des guitares électrisantes, des cuivres éclatants, un trombone sur-vitaminé dont les improvisations tonitruantes furent saluées par le public, de bons ingrédients réunis pour cette première partie.
Paul Personne arrive ensuite sur scène, simplement, presque que candidement dans le petit théâtre intimiste du casino. Sa simplicité, chemise en lin blanche, jean clair, un style bohème reflet d’une sincérité par ailleurs largement revendiquée, tranche avec le cadre brillant du festival et de la ville. Il débute le concert par la chanson ” J’ai rêvé ” extraite de son dernier album, un album vintage, où se mêlent nostalgie et mélancolie. Les mélodies authentiquement bluesy virevoltent au-dessus de nous et nous transportent rapidement, à la conquête de l’ouest, dans l’univers de Personne. “Dancin”, qui semble réminiscence des Doors se révèle en live encore plus envoutante, langoureuse et tourbillonnante. Là encore, le titre nous fait voyager, tant à travers une époque, qu’à travers l’Amérique de la soul et du rock. Une émotion rétro s’empare ensuite de la salle avec la reprise de son célèbre titre sortie en 85 sur l’album 24/24, “Faut que je me laisse aller”, un titre qui n’a pas pris une ride et nous montre que la musique de Personne tient en elle quelque chose d’indémodable, et d’intergénérationnelle. Côté purement musical, Paul Personne demeure incontestablement un guitariste hors pair et un mélodiste de génie, chaque titre nous le prouve, on note outre la virtuosité, un contrôle incroyablement précis des effets, des retours de sons et du wha. Toutefois, rien n’est superflu, si le chanteur et musicien s’amuse de sa guitare, et ne cesse de jouer avec les effets, rien ne semble artificiel, du feeling à l’état pur dont on se délecte et ne se lasse d’écouter. Malheureusement la salle manquait d’entrain, n’osait s’exprimer, peut-être l’espace confiné et feutré du théâtre du Casino a t-il contribué à cette ambiance et intimidé le public.
Photo: enghien jazz festival