Live Report’: Ouverture de l’intégrale Beethoven par l’Orchestre National de France et Daniele Gatti au TCE
Ce jeudi, débutait l’intégrale évènement autour de Beethoven de l’Orchestre National de France dirigé par Daniele Gatti. Du 1er au 15 novembre, l’orchestre consacre chacun de ses concerts au compositeur et s’ouvre également à la nouveauté puisqu’une création commandée par Radio France verra le jour à chacune des représentations. Ce 1er novembre était interprété la 1ere et la 7ème symphonie, ainsi qu’une œuvre du jeune compositeur français Fabien Waksman, Protonic Games.
Le chef d’orchestre italien Danièle Gatti reprend désormais le flambeau de la direction de L’orchestre National de France dirigé jusqu’alors par Kurt Masur. A ce titre et parce que Beethoven en soit incarne le renouveau et la modernité, le maestro a fait le choix de programmer les neuf symphonies du compositeur dans un cycle très resserré.
Le concert débute donc par la première symphonie, une œuvre qui, si elle reste largement inspirée de ses prédécesseurs laisse entendre tout le potentiel novateur de Beethoven. L’orchestre fait preuve de beaucoup de délicatesse et de précaution, sans doute trop. En effet, le son est petit, discret, timide, aussi le premier mouvement nous apparaît neutre, manquant de couleur et d’intensité. Il en va de même pour le deuxième mouvement que le charme et la grâce caractérisent spécialement, et qui ce soir se révéla particulièrement mou. Les troisièmes et quatrièmes mouvements achèvent d’enterrer ce constat, malheureusement hormis les bois, le reste de l’orchestre ne s’amuse pas. Aussi, bien que l’œuvre ait été exécutée sans réelles anicroches, elle ne transporte pas, l’interprétation reste creuse, terne, et conventionnelle.
L’œuvre de Waksman fut néanmoins une bonne et belle surprise. Enfin l’orchestre révèle toute sa puissance, dès le début il apparaît plus convaincant, fait preuve de plus de ferveur et sonne enfin. Avec Protonic Games, le compositeur souhaitait rendre un double hommage à Beethoven et à ses motifs rythmiques et aux chercheurs de l’invisible, ces physiciens qui travaillent sur l’infiniment petit, ces protons qui via un accélérateur de particules, entrent en collisions et engendrent des particules instables. La musique laisse parfaitement entendre brutalité, instabilité, les bois sont percussifs, les cuivres féroces, les cordes bourdonnent, fourmillent. Après une première partie explosive, tonitruante apparaît un apaisant choral. L’effervescence des molécules reprend, on assiste alors à une montée en puissance, l’orchestre s’agite, porté par les coups de timbales de plus en plus forts et de plus en plus rapides, pour aboutir à une explosion brûlante. Le public est conquis, salue la prestation de l’orchestre et ovationne le jeune compositeur qu’il fera d’ailleurs revenir par deux fois sur scène. Pour permettre à l’assistance de mieux apprécier cette nouvelle œuvre, Danièle Gatti avait choisi de la présenter deux fois au public, une première fois avant l’entracte et une seconde fois après. Le public apprécia autant les deux réalisations.
Après la prestation de l’orchestre sur la première symphonie, l’on appréhendait de voir la magnifique septième manquer de couleur et de chaleur. Force est de constater que malgré la fatigue, les musiciens y mirent beaucoup plus d’entrain et de caractère comme en témoignait le premier mouvement d’où le triomphe et le côté conquérant ressortaient brillamment. De manière générale, sous la très précise et exigeante main de Daniele Gatti, très habité par cette septième symphonie, l’orchestre se montre très expressif. La sublime désolation du second mouvement nous transporte bien que le comportement des violons vient à empêcher la complète transcendance. En effet, seul bémol de l’exécution, le pupitre de cordes qui apparaît impérieux et semble manquer totalement d’écoute envers les autres. Des attaques imprécises, des traits abstraits, de l’empressement, et surtout un non-respect des subtiles nuances de la symphonie qui malheureusement viennent gâcher la précision et les contre-champs mélodieux des bois. L’imprécision des cordes ressortira d’autant plus dans les derniers mouvements de la symphonie ou le rythme véloce et les accents marqués ne permettent aucunes faiblesses. Ainsi, si l’on reconnaît la prestation globale, si l’on admet avoir passé néanmoins un bon moment, on ne peut que constater que l’attitude et les approximations des violons restent gênantes pour l’auditeur et tendent à empêcher la complète projection dans l’œuvre de Beethoven. Un début de cycle en demi-teinte donc, espérons que les futures prestations soient plus convaincantes…