Live report: La nostalgie énergique de Laurent de Wilde
C’est dans un Sunside blindé et assis très, mais alors très près du piano de Laurent de Wilde que l’artiste a décidé de s’éloigner de la recherche de nouveaux sons pour revenir à la grande tradition du trio en compagnie de Donald Kontomanou à la batterie et Bruno Rousselet à la contre-basse. Le résultat? Trois heures de jazz pensées comme un voyage dans le temps et dans les ïles Caraibes.
Voila plus de vingt ans que Laurent de Wilde joue et pense jazz. Vingt ans qu’il entasse des compositions et des mélodies dans ses archives. Un jour, une contrainte administrative le pousse à tout ranger. Le voila, enfermé par une belle journée à tout noter. Il en profite pour tout réécouter et n’est pas mécontent de ces trouvailles oubliées. Il décide alors d’en faire un concert puis un disque, dans une version remastérisée. Ce soir là au Sunside, nous avons été prévenus, le trio allait “jouer des vieux trucs” et nous faire voyager ” dans le passé”.
Bruno Rousselet et Donald Kontomanou ont eu deux heures pour “s’enquiller tout le répertoire ” de la soirée. Tant mieux pour nos oreilles et nos yeux, car les trois musiciens ont du jouer le jeu de l’improvisation, se lancer des regards. on a pu voir le pianiste lever sa main pour indiquer à l’un ou à l’autre de rester en boucle sur une mélodie ou un phrasé, ou encore Bruno Rousselet se lancer avec Laurent de Wilde dans un duel rythmique au somment finissant par un éclat de rire.
Du point de vue du choix des morceaux, le trio a décidé de nous emporter dans des rythmes vifs avec “Toys” d’Herbie Hanckock pour ensuite parcourir le temps. On retiendra une Fleurette africaine de Duke Elligton tout en douceur. La batterie maitrisée de Donald Kontomanou est ici tempérée par une utilisation de mailloches , ces baguettes à bouts ronds, offrant une sonorité profonde et sombre. Par moment le concert glisse dans une ambiance afro-jazz pêche faisant gigoter les têtes et les pieds des spectateurs, ces temps alternent avec des titres à la mélancolie intense, “You go to my head” consacré notamment par Billie Holyday traverse ce soir les âmes du public. Laurent de Wilde nous livre au passage son coup de cœur, un titre oublié pendant 20 ans, teinté de bonnes ondes, “The best is yet to come” de Coleman et Leigh.
Le concert fut une belle idée, bien réalisée. Le trio a réussi a nous faire entrer dans l’histoire du jazz le temps d’une soirée, entre nostalgie et rythmes soutenus. Résolument une très belle soirée.
Visuel (c) Claire Linda