Musique
Live report : Concert de Jean-Louis Murat au Trianon (10/11/2011)

Live report : Concert de Jean-Louis Murat au Trianon (10/11/2011)

11 November 2011 | PAR Olivia Leboyer

Depuis le concert de l’année dernière à l’Alhambra, nous attendions le passage de Jean-Louis Murat à Paris. Après la Cigale, le Bataclan, le Café de la danse ou l’Européen, c’est au Trianon que le Grand Lièvre chante ce soir-là : ce nouveau lieu lui va très bien, grande salle romantique et joliment désuète. Un peu dans le style du Théâtre Edouard VII (où nous avions déjà entendu chanter Jean-Louis Murat, il y a quelques années), mais avec une meilleure acoustique !

Déjà, une très bonne surprise dès le début : la première partie est assurée par Jean-Philippe Nataf (l’ex-chanteur des Innocents, dont le récent album solo, Clair, est vraiment TB !). « Monkey », « Viens me le dire », « Elle », les chansons de JP Nataf sont aussi précises et délicates que des myosotis. Le public, venu pour JLM, applaudit avec force ce premier concert, qui aurait à lui seul mérité le déplacement. JP Nataf remercie Jean-Louis Murat et le Trianon de l’avoir accueilli comme un Prince. Mais c’est un peu normal, il en a bien l’allure et le style.

Enfin, Jean-Louis Murat entre en scène, avec ses musiciens habituels, Fred Jimenez à la basse (qui avait composé pour Murat le très joli album pop A bird on a poire), Stéphane Raynaud à la batterie et Slim Batteux à l’orgue. On remarque les cheveux raccourcis (très bonne coupe) et la tenue toujours cool et classe (une belle chemise à impressions noire et blanche, sous une chouette vareuse à petits carreaux).
Première chanson : « La lettre de la pampa » (album Grand Lièvre, notre critique), où l’on retrouve avec plaisir les accords rock si reconnaissables, les neiges éternelles, les paysages et la voix toujours exceptionnelle !
Loin du cirque à la mode des chanteurs qui s’essaient à l’humour-stand up entre les chansons, Jean-Louis Murat livre une performance de vrai musicien, sobre et extrêmement maîtrisée : nul besoin de s’adresser au public, qui est tout à fait captif des mélodies et de la voix du grand berger. Murat chante le nouvel album, son Grand Lièvre, qui prend sur scène toute sa dimension. « Alexandrie » et « Les rouges souliers » sonnent particulièrement bien.
Puis, avec la chanson « Mousse noire » (album Tristan), le public se retrouve en terres bien connues. Un petit regard vers nous, deux battements de mains de JLM, nous exhortent ensuite à taper la mesure pour une chanson que nous connaissons tous par cœur : « Foule romaine » (album Le Moujik et sa femme). Comme un gentil troupeau, nous obtempérons. Murat (qui a, entre temps, ôté la vareuse) nous lance son premier mot de la soirée : « Bien. », et quelques couplets plus loin, un nonchalant et sympathique : « Pas mal, pas mal ».
On sent que Jean-Louis Murat est heureux d’être sur scène, pleinement heureux de jouer et de chanter. Cela nous fait infiniment plaisir de le voir ainsi. Surtout lorsque retentissent les premières notes de « Jim » (album Mustango), une de ses plus belles chansons.
Murat fera deux hommages à deux grands messieurs du milieu : la reprise d’ « Alcaline » d’Alain Bashung, et un remerciement très stylé à Bernard Lenoir, présent dans la salle. « Sans toi, Bernard, toute une génération de chanteurs n’aurait jamais percé » lui lance Jean-Louis Murat, avant de scander longuement en musique son prénom « Bernard, Bernard, Bernard ». Bernard Lenoir, pas très loin de nous, souriait, visiblement touché.
Et, comme point d’orgue à ce concert parfaitement abouti, Jean-Louis Murat a choisi un morceau bien rock qu’il chante à pratiquement tous ses concerts (pourquoi pas, un jour, « La petite idée derrière la tête », qui est très rock aussi ?) : « Les jours du jaguar » (double album Lilith) : Le tourment et le désespoir forment les jours du jaguar/ Tout juste bon à garder des oies/ Papillottes flottant dans le vent/ Sillons et fossés dans son âme/ Tout juste bon à garder des oies.

Nous étions ravis, ce soir du 10 novembre, d’être les oies gardées par ce grand jaguar-lièvre !

Photos : photos Alice Delarbre

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

5 thoughts on “Live report : Concert de Jean-Louis Murat au Trianon (10/11/2011)”

Commentaire(s)

  • Très beau commentaire. Sobre qui dénote une parfaite connaissance du personnage MURAT et de son oeuvre. Merci.

    November 11, 2011 at 15 h 55 min
  • Boubou

    Excellent commentaire. L’ambiance du concert et les attitudes de Jean-louis Murat (tout en retenue vis à vis du public mais l’éclate au niveau musique) sont parfaitement décrites. J’ai particulièrement aimé la touche féminine du commentaire quant à la coupe de cheveux et à la tenue de JLM !
    Merci.

    November 11, 2011 at 18 h 46 min

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