Musique
Le Christus inachevé de Mendelssohn enfin délivré

Le Christus inachevé de Mendelssohn enfin délivré

11 November 2011 | PAR Bérénice Clerc

 

Le 9 juin 2011, les chanceux eurent l’immense plaisir de voyager, grâce à Mendelssohn sur un tapis volant de notes porté avec grâce et puissance par Laurence Equilbey, Accentus, l’Ensemble Orchestrale de Paris, Sandrine Piau Robert Getchell et Markus Butter. Voir notre article Ici. Pour eux comme pour les autres Naïve livre aujourd’hui un somptueux opus enregistré à la perfection par la même équipe musicale à  l’église Notre dame du Liban de Paris.


Christus est une œuvre inachevée, Mendelssohn est mort avant de terminer cet oratorio dont un tiers des fragments nous sont parvenus. La descente aux enfers et la résurrection aurait du être la suite de ce troisième oratorio Nommé « Terre, Enfer et Ciel » par Felix Mendelssohn et rebaptisé Christus par son frère cinq ans plus tard. Christus n’a pas d’ouverture, il commence directement par un récitatif de la soprano annonçant la naissance du Christ et l’arrivée des rois mages. La Naissance et la Passion du Christ, livrent des pages particulièrement émouvantes et expressives.

Pour compléter cette œuvre en suspens, Laurence Equilbey choisit  des œuvres de jeunesse de Mendelssohn, des Cantates Chorales composées à vingt ans et tend avec justesse le fil de la vie et de la carrière du compositeur fasciné et inspiré pas Bach à l’apogée de son épanouissement artistique et de son talent quand la mort le saisit.

Il meurt à trente sept ans sans terminer son troisième Oratorio Christus. Ce programme revêt donc une grande émotion, celle de la vie, de la musique, de la mort et du rapport à la spiritualité.

Les fragments de Christus sont magnifiques, tels une symphonie, ils montent en puissance et explosent sans connaître de fin. La frustration peut naitre, l’envie de savoir quel voyage musical aurait été possible pour l’Enfer et la résurrection, jusqu’où Mendelssohn aurait-il pu porter son talent ?

Nous ne le saurons jamais mais les cantates Chorales de sa jeunesse enrobent les somptueux fragments de Christus et forment un écrin tendre et luxueux pour cette dernière œuvre de Mendelssohn.

La voix cristalline et enivrante de Sandrine Piau est à son paroxysme de limpidité et de fluidité dans une souplesse angélique ou les aigus caressent les oreilles des auditeurs.

Laurence Equilbey met une fois de plus les mains dans la pâte sonores et utilise l’individualité des voix et des instruments pour n’en créer qu’une, celle de l’œuvre.

Dans l’intimité de la rêverie et des réflexions de Mendelssohn elle ouvre un espace multicolore, une palette chromatique aux teintes impalpables, méconnues, inimaginables par l’œil ou  l’oreille d’un novice et intelligible par tous dans son ensemble.

Chaque intonation est maitrisée, chaque souffle est en alerte, éclats des cuivres, couleurs chaleureuses des bois,  souplesses des cordes, martèlements puissants des timbales, un très bel Ensemble orchestrale de Paris en osmose avec les voix volumineuses d’Accentus et des solistes.

Une musique absolument généreuse, sans emphase ni redondance où chœurs, solistes et orchestre ont une place de choix et offrent avec humilité et simplicité la plénitude de Mendelssohn.

De la Nativité à la Passion un flot de musique à écouter en paix pour prendre soin de son âme.

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Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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