
Life and times – épisode 2 : l’adolescence c’est fun aux Abbesses !
C’est à une performance drôle et survitaminée que nous convie le Nature Theater of Oklahoma au Théâtre des Abbesses. « Life and times – épisode 2 » opère un retour vers un âge charnière de l’existence, ingrat ou béni, celui de la préadolescence. C’est aussi et surtout une bouffée d’oxygène pleine de couleur et de vie, un antidote à la morosité.
Le spectacle est conçu par Pavol Liska et Kelly Copper qui s’appuient sur la vie et les mots de l’américaine Kristin Worrall. Une longue conversation téléphonique au cours de laquelle elle se raconte, intimement, en confiant une quantité d’histoires à l’intérêt variable, a été enregistrée, recueillie, puis à peine revue et corrigée de sorte que sa langue conserve son oralité et ses gimmicks de langage, les « hum », « like », « just », « you know » qui reviennent à répétition amusent tant. Tout cela offre la matière textuelle d’un spectacle fleuve qui se présente sous la forme d’épisodes. Nous avons assisté au numéro 2 qui succède à une première partie sur l’enfance. Cela commence au CE2, puis, le CM1, le CM2, la 6e, les années collège défilent. Les thèmes abordés vont des fringues, des premiers petits amis, au premier baiser, la première cigarette, les parents, les profs, l’école, la sexualité, la déprime, les désillusions, le regard des autres auquel est accordée une si grande importance. Des préoccupations quotidiennes donc, banales par conséquent. Le ton est apparemment léger, anecdotique, futile mais révèle plutôt justement ce que sont la vie et le rapport au monde, simple et profond, plus complexes qu’il n’y parait, de gamins de 12/14 ans.
L’intérêt du spectacle est ailleurs et principalement dans la forme absolument originale et surprenante qui se déploie. De façon gratuite mais pas vaine, il prend l’allure d’une comédie musicale retro qui flirte parfois avec un cours de gym particulièrement athlétique. Sur un plateau totalement nu que seuls une boule à facette et deux écrans de télévision surplombent, six solistes en survêtements et baskets de toutes les couleurs chantent l’intégralité de ce texte touffu et dansent sur une musique électro-disco-pop. 5 femmes et un homme, le génial et touchant Robert M. Johanson qui cosigne la musique originale, sont bientôt rejoints par une quinzaine de figurants, eux-mêmes chanteurs et danseurs qui déboulent sur scène comme des doubles des performeurs et qui, en renforçant le poids du collectif, forment un patchwork multicolore. Sans aucun temps morts, ils font l’exercice avec un humour ironique et joyeux, un entrain et une envie qui ne faiblissent pas. Le plaisir et l’énergie qu’ils y mettent sont communicatifs donnent la pêche et le sourire à l’assistance.