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La mondialisation poétique d’Olivier Letellier au Théâtre de la Ville
Le directeur des Tréteaux de France s’empare du texte de Yann Verburgh, Le théorème du pissenlit. Un conte d’aujourd’hui qui rappelle aux enfants dès 9 ans que la liberté n’est pas la même partout.
Au commencement, Fiona Chauvin, Anton Euzenat, Perrine Livache, Alexandre Prince et Antoine Prud’homme De La Boussinière sont assis sur un cube compact composé de caisses de boissons vides. Ils et elles sont un ensemble, on le comprend vite, ils et elles sont un chœur aux personnages interchangeables et dégenrés.
L’histoire se passe ici et ailleurs. Ici, en France, un papa offre à son fils un super cadeau, “le jouet à la mode”. Mais voilà que 9 jours après ce bel anniversaire, l’enfant, dont le nom ne sera jamais dévoilé, s’intéresse à autre chose. Dans la boîte, il a trouvé une lettre et des grains de pissenlit. Ailleurs, Li-Na part à la recherche de son meilleur ami, Tao qui a quitté leur montagne pour partir à la ville travailler comme un esclave au Pays-de-la-Fabrique-des-Objets-du-Monde. Contrairement à “ici”, eux ont chacun un prénom. C’est le combat de cette pièce : humaniser l’ogre capitaliste.
Les comédiens et les comédiennes sont tous et toutes impeccables. Ils et elles transmettent la joie de jouer au jeune public. Leurs rôles sont tout le temps, comme eux et elles, en mouvement. Le grand cube s’est transformé en blocs plus petits, comme des Lego, qui deviennent juste, par le pouvoir des mots et de l’imaginaire, l’usine, la montagne, la cour de l’école, le magasin de jouets, la chambre de l’enfant…
Olivier Letellier met en scène ce conte sur un mode très élégant dans son rythme et sa lumière. Il est presque joli, sauf qu’il nous raconte le pire de ce que notre monde a produit. La surproduction est ici révélée grâce à un message caché aux risques et périls de Li-Na. Cette surproduction qui est une catastrophe humanitaire et écologique.
Peut-être qu’en sortant du spectacle, les enfants se demanderont un peu plus d’où proviennent leurs jouets.
Du 14 au 18 mars au Théâtre de la Ville- Les Abbesses.
Visuel : Théâtre de la Ville