Musique
La sélection pop, rock, indé, electro, rap, jazz des disques pour la fin 2020

La sélection pop, rock, indé, electro, rap, jazz des disques pour la fin 2020

10 December 2020 | PAR La Rédaction

En cette fin d’année, la rédaction prépare ses playlists pour aller avec la dinde et un espoir de déconfinement. Et nous renouons avec les belles traditions comme celle de partager les disques qui nous habitent en ce moment. 

Un Gershwin explosif et joyeux par le Guy Mintus Trio

Parfaitement de saison, sous sa couverture rose Barbie, le Gershwin playground de Guy Mintus est un vrai cadeau de Noël. Le compositeur est revisité en format intime avec 9 incontournables qui explosent de joie de vivre salutaire. Dès les premières notes de “Let’s call the whole thing off”, version instrumentale qui fait penser aux cours de piano de notre enfance, nous voici replongés dans l’odeur de la cannelle qui a dû baigner l’enfance de George Gershwin. La voix est étirée et suave en diable pour un lent et très théâtral “The Girl I love”, que le piano titille divinement. Jeux de cordes et mutinerie marquent un “They can’t take that away from me” entièrement dénudé de sa voix et de sa nostalgie. “Rhapsody in blue” s’étire sur 15 minutes à la Satie où le piano nous enivre et, en final, on retrouve le timbre clair et très théâtral de Guy Mintus pour un “Summertime” qui donne envie de danser le chachacha en jetant la nostalgie aux oubliettes. Un album qui joue avec le kitsch, l’humour, et revisite en jazz festif et magistral les classiques les plus populaires de Gershwin. 

Guy Mintus Trio, Gershwin Playgroud, Enjo, sortie le 29 novembre. YH

Comme un lundi qui donne envie de vivre chez Gaël Faye

Un nouveau petit bijou très travaillé pour l’auteur de Petit Pays. Les mots sont au centre, le message à l’optimisme. Le titre éponyme conjure en guitare, flow et mots pieux, le blues du lundi. La plage inaugurale “Kerozen” se fond dans les sons du moment pour peindre des rêves qui ont oublié les couleurs, mais la chaleur arrive vite avec l’ordre “Respire”, ponctué du commentaire “La vie c’est Rambo”. Et les influences de Stromae sont là dans l’explosif “Chalouper” qui sonne comme un hymne après quasiment une année d’étouffement confiné “Personne ne pourra empêcher / Nos corps usés de chalouper”. Parlé-chanté blues “Seuls et vaincus” fait triompher la voix de Melissa Laveaux en final si lumineux qu’il contredit le message. “Histoire d’amour” célèbre de manière intemporelle et transnationale ce qui a été beaucoup chanté. Harry Belafonte accompagne le rythme noctambule du titre “NYC”, et c’est un guitariste et chanteur rwandais qui clôture l’album avec Faye dans “Kiwibua”. Un album aux influences multiples donc, qui enjoint par les mots de survivre à la semaine et  que ses beaux arrangements sculptent comme un objet d’art. 

Gaël Faye, Lundi méchant, Believe, sortie le 6 novembre. YH.

Le Paradis promis de Ben Mazué

Après nous avoir émus et plongés dans l’amour fou avec l’album Femme idéale, Ben Mazué nous emmène aux antipodes du Paradis qui s’affiche à la Douanier Rousseau sur la couverture de son album. D’abord lui aussi réfléchit la “Quarantaine” que nous traversons et l’envie douce et survivaliste de se barrer à quatre en “Divin exil”. Mais le confinement semble s’accompagner d’une autre épreuve : celle de la séparation et de devoir tenir debout pour les enfants. L’explosif et entêtant “Je marche” est un mantra pour se relever, parlé-chanté avec Anaïde Rozam, “Semaine A/ Semaine B” parle des difficultés de reprendre une vie et d’être là avec ou seul sans ses enfants.  “Parents”, c’est pas facile quand les amoureux ne le sont plus. En mots poétiques, Ben Mazué décline cette thématique que tant ont traversée, avec une mélancolie qui ne peut que vous serrer la gorge. 

Ben Mazué, Paradis,  Columbia, sortie le 6 novembre. YH

Beabadoobee, Fake it Flowers (Dirty Hit)

Sans arriver aux mêmes sommets que son homologue, la prodigieuse Soccer Mommy, cette nouvelle venue prometteuse de la scène indie rock, âgée de seulement 20 ans, parvient aussi à traduire en sons et expressions, les torpeurs, langueurs et frustrations de cette période si troublante de passage entre l’adolescence et l’âge adulte. Dans ses paroles, elle saisit avec brio les émotions à fleur de peau, les désirs brûlants, mais aussi l’ennui, la lassitude écrasante et la mélancolie sans substance, associés à cette phase transitionnelle à la fois si courte et si déterminante. Musicalement, tous ces contrastes et contradictions s’expriment par un chaos structuré pour s’en faire le reflet : les cris de rage flirtant presque avec le hard rock (“Charlie Brown”) alternent avec des comptines déguisées en ballades folk-rock (“Back to Mars”). L’écoute du disque fait resurgir des influences troubles, vestiges fragmentés et dispersés des années 1990 : du grunge agressif de Hole (sans le graveleux menaçant de la voix de Courtney Love) dans ses moments les plus énervés à l’indie rock de Liz Phair ou Pavement dans les morceaux plus réflexifs, sans rien perdre de leur attaque. Pour vous donner un avant-goût (et peut-être bien le plus savoureux du disque), découvrez ci-dessous “Care”, premier single de l’album et véritable pépite énergique, règlement de compte avec un ex-compagnon accompagné de riffs de guitares martiaux et tapageurs. D’ailleurs, le clip à l’esthétique rétro et fragmentée est aussi à voir absolument. 

Beabadoobee, Fake it Flowers, Dirty Hit, sortie le 16 octobre. EA

Bonnie Banane, Sexy Planet- Modulor Records

Bonnie Banane sort enfin son premier album, Sexy Planet, et il est totalement spectaculaire. Entre voix susurrées et punchlines assumées, la chanteuse et comédienne ne choisit pas. Il y a de la poésie dans “Flash”, du tube électro crade dans “Sexy planet”. Partout elle se promène et s’amuse armée d’une bande-son comme dans un film.  Il y a des voix Oua Oua comme dans les années 80, des chaloupes latino (“Cha-Cha-Cha”).  Ses textes sont sensuels, modernes et drôles.

Elle mène la danse, joue de sa voix à toutes les sauces : trip-hop, trap, rock, RnB… Ce qui rend Sexy Planet c’est la sensation qu’elle nous parle très directement, ou alors, elle drague, elle nous drague ? Ah ouais, c’est ça… Comme dans “Mauvaise foi” qui se termine comme pourrait commencer une chanson d’Ophélie Winter ( elle ose vraiment tout Bonnie !), on dit “encore encore”. ABN

Chez Modulor Records, décembre 2020

Damian Nueva, Orisun

Le contrebassiste cubain, que nous avons découvert il y a quelques jours au Duc des Lombards lors d’un concert en livestream, a sorti il y a quelques semaines un merveilleux album, Orisum. Il nous amène loin, là où on peut voyager, où c’est toujours la nuit, l’été. “Toda la gente”, le titre le plus suave de l’album donne le ton. Et pourtant, Nueva ne tombe jamais dans aucun cliché. La présence de la guitare électrique de Ralph Lavital et le clavier de Roberto Fonseca y font beaucoup. La contrebasse n’est pas en ligne de fond et toute sa profondeur se déploie, dans des morceaux presque pop comme “Paciencia”. L’éclectisme de cet album le rend étonnamment très cohérent, relié par un groove peut-être lié au fait que chez lui contrebasse et basse se confondent pour le meilleur. Il faut noter la dream team composée de la percussionniste Natascha Rogers, le saxophoniste Baptiste Herbin, le batteur Arnaud Dolmen et le guitariste Ralph Lavital, et donc, en guest, le pianiste Roberto Fonseca. ABN

Damian Nueva, Orisum, sortie en 2020.

Visuel : © Modulor Record

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La Rédaction

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