Musique

La douce fantasia de miCkey[3d]

09 September 2009 | PAR Mikaël Faujour

Deux ans après un album homonyme solo sous le nom de Mick Est Tout Seul et quatre ans après le dernier Mickey 3D, Mickaël Furnon a relancé Mickey 3D, dont il reste le maître, entouré à présent de nouveaux musiciens. À l’occasion de la sortie prochaine La Grande Évasion, La Boîte à Sorties a rencontré l’artiste, un homme à l’image de sa musique : simple, sympathique et quelque peu lunaire.

L’annonce de la sortie d’un nouvel album de Mickey 3D avait de quoi surprendre, 3 ans après la dissolution du groupe. Mickaël Furnon avait ensuite enregistré en solo (Mick Est Tout Seul en 2007) puis connu en 2008 une année riche de collaborations. Au début de l’année, il inaugure son blog avec un message :

« Après une année 2008 consacrée aux collaborations….[Emma Daumas, Maréva Galanter, Babylon Circus, Pussycat Dolls(si si!!)]…. je prépare un disque… sortie prévue courant 2009 ».

C’est donc entouré de nouveaux musiciens que Mickaël Furnon relance le groupe, qu’il définit comme un projet collaboratif entre lui – âme du groupe en tant qu’auteur, compositeur et chanteur/guitariste – et d’autres artistes, parmi lesquels la jeune et prometteuse Cécile Hercule, qu’il a découverte sur MySpace. Pour marquer le coup, le nom est réorthographié en miCkey[3d]. Au menu de ce cinquième album, quatorze compositions dans une veine chanson/pop rock, mâtinées tantôt de folk, tantôt de sonorités électroniques ou rétro 80s.

mickael-furnon« Playmobil », qui ouvre l’album, rappelle d’emblée le talent du parolier, par sa douce fantaisie et son sens inédit de la narration. Si Mickaël Furnon a écrit pour les plus grands (Thiéfaine, Stephan Eicher, Dick Rivers, Indochine), ce n’est pas un hasard. Avec miCkey[3d], il donne pleinement cours à son imagination. Passablement lunaire, il évoque, scrute et parfois tord ses souvenirs, avec une candeur et un humour frisant l’absurde rappelant par instants l’univers de Henri Michaux.

Avec une sorte de candeur aussi détachée que son chant – peu expressif, jamais maniéré –, il effleure les questions existentielles (la mort, l’altérité,  l’amour, l’incommunicabilité, etc.) d’une façon distante, comme sagement résigné à ne rien prendre trop au sérieux. Comme pour mettre à distance une réalité parfois oppressante, Mickaël Furnon vogue entre contines adultes (« Yula (ma fiancée galactique) » « La Fille du cannibale ») et chansons irriguées par un humour pince-sans-rire frisant parfois l’absurde, à l’image du canular aux renseignements téléphoniques en ouverture de « Personne n’est parfait » : « Bonjour, je voudrais le numéro de téléphone de Dieu, s’il vous plaît ». Par ses thèmes et sa drôle de poésie, il fait un peu penser à Mathias Malzieu (Dionysos) le surréalisme burtonien en moins, notamment lorsqu’il chante la mort et l’au-delà : « Et on sera tout nu / On aura un peu froid / Un ange viendra nous réchauffer ».

Tantôt le réel se tord par un regard quasi-enfantin, tantôt il revient de façon plus politisée. Abusivement, Mickey 3D a été qualifié de groupe « engagé » ; il paraît plutôt concerné qu’engagé, car dépourvu de militantisme – et c’est tant mieux, tant l’« engagement » nous a valu d’idioties ces dernières années, de Saez à Renaud en passant par Diam’s. Ainsi, sur « 1988 », Mickaël Furnon se souvient de la fin des années 80, évoquant avec quelques piques Chirac, Pasqua et l’affaire Oussekine… sorte de réponse « consciente » au très pop et dépolitisé « 1980 » d’Obispo. Mais il dit garder un bon souvenir de la période, tant sur le plan humain que sur le plan musical, les années 80 lui rappelant la pop anglaise – Seventeen Seconds figure parmi les cinq albums préférés qu’il cite spontanément, pris de court et gêné face au dilemme d’un choix étriqué.

De l’album, se détache particulièrement « Méfie-toi l’escargot » (voir le clip ci-dessous), pop mâtinée de sonorités electro et à la production léchée, morceau rythmé et presque dansant – un évident premier single. L’artiste nous explique la portée métaphorique des paroles, l’escargot symbolisant la fragilité par sa frêle coquille. À l’image de Mickaël Furnon, pudique et réservé sans être timide, et dont le regard sur le monde mêle la tendresse et l’humour à la désillusion, comme s’il n’y avait que le sourire pour ne pas succomber au pessimisme d’une époque peu réjouissante.

La Grande évasion, EMI.
Sortie : le 21 septembre.

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Mikaël Faujour

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