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[Interview] Pour sa 13ème édition, le Festival Jazz’n Klezmer fête l’âge d’homme

[Interview] Pour sa 13ème édition, le Festival Jazz’n Klezmer fête l’âge d’homme

03 November 2014 | PAR Yaël Hirsch

Le festival Jazz’n Klezmer célèbre sa Bar Mitzvah avec une affiche encore plus alléchante (si possible) que les dernières années et un programme à la fois festif et métissé. Laurence Haziza,  directrice du festival, abrité par le Centre d’Art et de culture, nous parle d’une programmation très riche et qui donne envie de découvrir, de danser et de célébrer le jazz, le klezmer et bien d’autres influences musicales. 

C’est la 13ème édition d’un festival qui grossit d’année en année et à chaque Jazz’n Klezmer, il y a toujours un grand renouvellement des artistes programmés. Comment trouvez-vous toujours de nouveaux talents, s’agit-il de vos coups de cœur de l’année?
J’ai la chance de voir toujours de nouvelles choses et, vu la réputation du festival, les amis, les maisons de disques et les tourneurs m’envoient aussi des artistes à écouter. Il y a bien sur les coups de cœur de l’année; il y a aussi les artistes que j’ai envie de programmer depuis longtemps à Jazz’n Klezmer mais il a fallu mûrir un peu le projet, avant de les faire venir de l’étranger. Et puis, de plus en plus, certains musiciens passent la porte de mon bureau et proposent de faire partie de l’affiche comme Yuval Amihai, l’an dernier. Et puis il y a les groupes qui soutiennent le festival en lui offrant des créations comme Yom, qui fait cela très régulièrement et qui va proposer une sorte de western klezmer cette année avec les Yiddish Cowboys! Ils avaient déjà proposé le Silence de l’exode au Festival Jazz’n Klezmer, il y a deux ans, alors qu’ils venaient de le créer pour le Festival d’île de France.

Au programme de jazz’n klezmer, il y a du jazz, du klezmer, mais aussi des mélodies venues d’Arménie, du Yémen ou du Mali avec vieux Farka Touré, qui se produit avec le Idan Rachel Project… Le métissage est-il au cœur de l’identité du festival?
S’il est sur que le Jazz et le Klezmer forment la colonne vertébrale du festival, le premier est un terrain suffisamment large pour qu’on s’ouvre aux autres cultures. Pour rester cohérent, il suffit de jouer sur la familiarité, sur les résonances de couleurs. Si l’on ne reste que sur du Klezmer classique on va toujours parler au même type de public alors qu’en allant puiser dans d’autres corpus, on élargit l’audience de cette musique. Je crois que la meilleure façon de conserver une tradition, c’est sans se perdre, être curieux et la partager, c’est la meilleure manière de s’ouvrir à un autre public qui va découvrir le Klezmer. C’est d’ailleurs le cas quand on programme de la chanson israélienne, qui, stricto sensu n’a souvent rien à voir avec la tradition Klezmer. Si l’on était trop puristes sur les catégories de jazz et klezmer, on ne pourrait pas donner à entendre le Idan Rachel ou l’électro de Socalled. Et les yéménites de A-Wa sont trop géniales dans leur pop pour que nous n’ayons pas eu envie de partager.

Cette année, le tronc de la musique Klezmer est assez festif…

Oui, avec Klezmer Nova, qui est vraiment un des groupes historiques du Klezmer français et qui était là dès la deuxième édition du festival, cela va être festif. Yom, c’est encore un peu la surprise, cela va être un duo guitare/ clarinettes qui n’est pas évident et très prometteur. Il faut aller entendre leur création… Et puis nous suivons le très joli projet qui s’appelle “la complainte du Balluchon” et qui mêle narration et musique, c’est vraiment une autre proposition qui a trait aux racines d’une tradition.

Côté jazz, comment expliquez vous la déferlante de talents israéliens dans ce domaine un peu partout dans le monde, notamment en France et aux Etats-Unis?
J’ai animé une émission entière sur le sujet et ne suis pas sure d’être arrivée à une réponse, mais il est vrai qu’il y a vraiment beaucoup d’immenses talents du jazz qui son israéliens. Il y a forcément une part d’émulation pour arriver à un tel niveau d’excellence. Avec Avishai Cohen en tête de gondole et comme modèle exigeant, les musiciens de jazz israéliens voyagent beaucoup car le pays n’est pas assez grand pour qu’ils y développent entièrement une immense carrière… Il y a aussi les écoles qui sont excellentes, notamment la Rimon School of Jazz & Music qui a aussi un programme à Berkley. Et enfin, il y a toutes ces influences dans un petits pays : russie, éthiopie, europe, afrique du nord, ce qui donne une variété de mélodies qui viennent enrichir le jazz des musiciens israéliens…

Les lieux du festival sont divers dans Paris. L’ambiance de Jazz & Klezmer change-t-elle selon la salle?
Tout à fait, c’est pour cela qu’il faut programmer le bon artiste au bon endroit. Il y a l’Espace Rachi, la salle historique, qui nous rappelle d’où on vient. Le New Morning, très festif. Ou alors la synagogue de la rue Copernic où je suis ravie de programmer cette années deux lauréats des talents du jazz Vincent Peirani et Emile Parisien. Il y a la fois quelque chose de spirituel et d’ouvert à programmer de la musique dans une synagogue libérale.

Et enfin, cette années, c’est celle des 13 ans du festival, la Bar Mitzvah ou plutot Bal Mitzvah a lieu à la Bellevilloise. Ce sera une grande fête?
Oui, on pourra accueillir 800 personnes dans 2 salles de 19h à minuit, on pourra manger, danser. On l’a appelé Bal Mitzvah pour ouvrir à tous les parisiens, mais on va jouer le jeu et en faire une grande fête familiale. Adama, le groupe des plus grandes fêtes qui a créé la chorégraphie de Rabbi Jacob et que tout le monde connait va ouvrir le bal. On a fait venir Socalled tout seul avec son accordéon et sa machine à faire des samples comme une sorte d’oncle d’Amérique; et les traditions séfarades et ashkénazes seront respectivement représentées par A-Wa et Yom. Et puis on jouera les parents, avec Alain Knafo, le Directeur du Centre d’Art et de Culture (sourire). Moi je vais tenter de me trouver une robe un peu ballon, genre très cérémonie et on se demande même si on ne vas suggérer un dresscode élégant, tout comme pour une vraie Barmitzvah, en mode délire!

visuel : affiche du festival

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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