
Gustavo Dudamel et Brahms à la Salle Pleyel
Gustavo Dudamel, connu pour sa direction de l’Orchestre national des jeunes Simon Bolivar du Venezuela, destiné à l’initiation musicale des plus jeunes et des plus démunis, a dirigé, ce vendredi 13 avril 2012 à la Salle Pleyel, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, s’attaquant avec finesse à l’œuvre ambitieuse de Johannes Brahms. Si la troisième et la première symphonies étaient à l’honneur, il mènera également ce vendredi 20 avril 2012, la deuxième ainsi que la quatrième, honorant ainsi dans sa totalité le répertoire symphonique brahmsien.
Gustavo Dudamel entre en scène, s’installe et déjà les violons s’exaltent en arpèges pour une troisième symphonie héroïque. A ce ballet haletant des cordes finalement contenu par l’apaisement provisoire des vents, la musique de Brahms apparaît dans toute son amplitude. Le ton est donné, toute l’œuvre est là, dans son éternel conflit. Et voilà que le troisième mouvement se targue d’un lyrisme luxuriant, convoitant notre chant et invitant à la danse. Teinté de nostalgie et de douleur contenue, il est l’instant d’après gagné par la répétition frénétique et pesante des bois. S’achevant finalement avec apaisement, il est aussitôt contrarié, en prélude du quatrième mouvement, par l’intervention tonitruante des basses, suivi de la montée acerbe des violons. Celle qui, ravivant l’œuvre beethovénienne, fut surnommée l’ « Héroïque », entremêle ainsi continuellement un climat pastoral et perturbé, dans une composition un temps joyeuse, un temps mélancolique.
La tension demeure au sein d’une première symphonie à l’air lourd et oppressant. L’atmosphère s’assombrit, les timbales retentissent et donnent avec force la pulsation. En surimpression, les bois dressent un climat angoissé et énigmatique, empreint d’irréalité. Le malaise s’installe au rythme lancinant des violons, reproduisant un même thème avec obsession. Prisonniers d’un mouvement cyclique infini, l’introduction incisive de violons alterne à des montées lyriques, ponctués çà et là d’un silence asphyxiant. Les violons nasillent, strient, s’agitent en vagues arpégées, dans un son étourdissant, éclairci l’instant d’après par la note lumineuse d’une flûte se concrétisant en un troisième mouvement puissamment enjoué. Joie et tristesse se confondent, aboutissant à un quatrième mouvement où le lourd rythme des timbales précède la légèreté d’un pizzicato. La flûte traversière enchante et donne la mélodie, reprise en un grondement final énergique et percutant. Le public est conquis, se lève et applaudit avec force. Le conflit inhérent à l’œuvre de Brahms apparaît, sous la direction de Gustavo Dudamel, dans toute sa splendeur.
Crédit photo : © Ricardo Musacchio
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