Musique
Les Francofolies de La Rochelle:  Voyage en pays Kanak,  Angèle royale et Véronique Sanson impériale !

Les Francofolies de La Rochelle: Voyage en pays Kanak, Angèle royale et Véronique Sanson impériale !

13 July 2018 | PAR Cedric Chaory

Pas une note, pas une vocalise ne résonnent encore dans le Vieux-Port de La Rochelle en ce midi du 11 juillet que déjà filtrent dans la ville quelques surprises made in Francofolies. En premier lieu : une performance jouée dans l’écrin très XVIème siècle du Centre Intermondes qui s’associe pour la deuxième fois au festival.

Albin et les kanaks

Cette année la Nouvelle-Calédonie est à l’honneur avec les plasticien Nicolas Molé et poète Paul Wamo, chefs de file de la création contemporaine kanake qui avec Entre deux livrent in situ une performance célébrant le dialogue des cultures. En eux se dialoguent, se questionnent, se confrontent ces deux territoires pour un vivre ensemble qui se dépasse. Une entrée en matière politique et poétique pour la 34ème édition des Francos.

Poésie toujours. Sous la verrière de La Coursive où se jouera à 15h le premier concert du festival s’exposent plusieurs dizaines de dessins signés du stylé Albin de la Simone. Avant d’être le musicien reconnu qu’il est, l’ado Albin multipliait les crobards qu’il délaissera à ses 18 ans pour faire ses gammes au piano. À l’occasion de sa dernière tournée tirée de son (excellentissime) album L’un de nous, le mélodiste a ressorti les pinceaux et les crayons de couleur. Résultat : d’émouvants moments de tournée croqués avec humour et délicatesse. De ses galères SNCF aux infâmes sandwichs Sodebo engloutis sur les aires d’autoroutes, de sa tournée en Asie aux hôtels couettards qui l’héberge, c’est un an d’une vie d’artiste-nomade qui défile sous vos yeux. Dans un sombre noir et blanc ou dans une explosion de couleurs. Bien vu !

It girl !

Albin de la Simone n’est pas aujourd’hui la préoccupation des adolescent-e-s (et quelques post) qui se massent dans la Scène nationale. La raison de leur présence à ces Premières Francos : Hyacinthe et (surtout) Angèle.

Le premier, un des meilleurs espoirs du rap alternatif français, déroule un set où refrains chantés et rap autotuné flirtent sur des nappes synthétiques. Sexe, drogue et hip-hop est la sainte trinité d’un univers un rien dépressif. Les jeunes filles en fleurs du public rosissent et rient sous cape à l’écoute des textes osés, toutes intriguées par cette fleur du mal à la présence scénique encore verte.

Place à la it-girl du moment : la bruxelloise Angèle. Déboulant sur scène à la suite de Hyacinthe, baggy et petit top à impression chinoise du meilleur effet, la beauté blonde retourne direct la salle. « Un concert c’est fait danser donc je veux vous voir tous debout et on bouge ! » lance t-elle à ses fans qui n’attendaient que les premières notes de La loi de Murphy, Je veux tes yeux et La Thune pour s’encanailler. Capable de « séduire le plat pays de la variété comme le monde escarpé des indés, ou celui plus salace des rappeurs » dixit Didier Varrod, Angèle a cette faculté de chanter (divinement bien) l’ultra-moderne solitude des Milleniums qui twittent nonchalamment leurs premières déceptions amoureuses à l’heure de #METOO tout en ayant conscience de la vacuité des réseaux sociaux. Ça pourrait être déprimant, c’est juste rafraîchissant et bien senti ! À 21 ans, Angèle étonne par sa capacité à tenir la scène qu’elle honore de danses piquées aux minettes r’n’b, leur laissant la vulgarité au profit d’une sensualité qui vous fait dire que cette fille, elle est terrible !

Juste une mise au point

Avant que la Scène Jean-Louis Foulquier n’accueille ses premiers concerts de l’édition 2018, Gérard Pont s’autorise une mise au point lors de l’ouverture officielle du festival. Aux côtés des politiques locaux et d’une délégation de parlementaires, le directeur du festival précise une bonne fois pour tout aux médias que non Morgane Production, sa société, n’a pas racheté les Francos à feu Monsieur Foulquier. C’est le créateur du festival lui-même qui est venu le chercher il y a 15 ans pour reprendre le flambeau et c’est le même qui le félicitera, à l’heure de son Grand Départ, pour le beau travail que les équipes de Morgane effectuent, tout au long de l’année, pour le rayonnement des Francos dans le monde (Pas moins de 9 festivals sur la planète). Au passage, monsieur Pont glisse que le festival ne programme pas que des têtes d’affiches, que son rôle de découvreur de talents est plus que jamais vivace et qu’il n’est pas peu fier de faire salle comble avec des artistes aussi divers que Gilles Servat, Aldebert et NTM. Bien dit !

La fête à Sanson

19h. Le public se masse gentiment sur la scène Foulquier. La reine du soir c’est Véronique Sanson, grande habituée de La Rochelle mais avant son passage, place à Loïc Nottet, showman belge repéré dans The Voice et Danse avec les Stars. Le jeune homme s’époumonera sur les titres de son premier album. Chanter (fort), danser (beaucoup), changer de costumes (à chaque chanson) : il peut le faire mais il faut que tu respires

De la respiration, il en sera question avec Raphaël. Avec classe, l’artiste enchaîne en douceur ses classiques Sur la route, Caravane, Ne partons pas fâchés et les titres de son excellent album Anticyclone paru l’an passé. Les années justement n’ont de cesse de bonifier cet artiste discret. Raphaël, au fil des albums, se révèle être un des auteurs-compositeurs les plus solides de la chanson française. Joli parcours, joli concert.

Là voilà enfin qui déboule sur scène, Véronique Sanson à qui Les Francofolies réserve une fête. Pour l’occasion Tryo, Vianney, Jeanne Cherhal, Patrick Bruel, Alain Souchon, Stephen et Christopher Stills sont présents, ravis d’entonner quelques classiques avec la patronne de la chanson française (Alia Souza, Drôle de vie, Bahia, Vancouver…). On se dit que la soirée prend enfin du relief avec Véro, émouvante boule d’énergie, qui a décidé de chanter essentiellement des textes que le public connaîtrait mal. Ceux que les radios diffusent à 4h du mat’. Épaulée par des musiciens exemplaires et deux choristes, Véronique Sanson livre un concert d’une incroyable intensité qui n’est pas sans rappeler celui donné en 1994 à La Rochelle. Il s’agissait déjà d’une « Fête à Véronique Sanson » qui deviendra un album mythique Comme ils imaginent double disque de platine pour plus de 600 000 exemplaires vendus en France. Chiche Warner, vous sortez ce live à la rentrée ?

Émue par l’accueil triomphal que lui a réservé le public rochelais, Véronique Sanson cède la place à Calogero, face à la mer – plus précisément l’océan atlantique – et un auditoire chauffé à blanc, il clôture alors une intense première journée de festival. Vite que ce soit déjà demain !

visuels : Olivier Drilhon, sauf Angèle et Sanson : deux portraits officiels libres de droits pour la presse des Francos : (c) Charlotte Abramow et (c) Stéphane de Bougies

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Cedric Chaory

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