Musique
Entretien avec le groupe Nostoc : Vainqueur du Tremplin Jeunes Talents 2011 du festival Jazz à Saint-Germain-des-prés

Entretien avec le groupe Nostoc : Vainqueur du Tremplin Jeunes Talents 2011 du festival Jazz à Saint-Germain-des-prés

12 July 2011 | PAR Neil Saidi

Nostoc est un projet à la frontière des musiques du monde et du jazz, fruit d’une rencontre entre des musiciens et des instruments atypiques. L’originalité de la démarche vient des influences de chaque musicien, mais surtout de leur manière de créer ensemble. C’est de cette recherche que nait une musique entière et cohérente, un son de l’instant. Chacun des musiciens de Nostoc a vécu et étudié dans différents pays (Inde, Laos, Thaïlande, Chine, Iran) pour entrer dans leurs pratiques musicales et culturelles. Ces expériences ont nourri leur désir d’inventer et de partager.


TLC : Depuis combien de temps jouez-vous ensemble ?

Manu : On a commencé cette formation en duo il y a cinq ou six ans avec Guillaume, et Luc nous a rejoint il y a un peu plus de deux ans maintenant.

Quelles sont vos influences ? Comment en êtes vous arrivés à jouer ces instruments et cette musique ?

Luc : Je suis passé par une formation en école de musique où j’ai étudié la batterie, petit à petit je me suis laissé porter vers les percussions, plus particulièrement vers les percussions orientales. Par la suite j’ai découvert tout un tas d’autres instruments percussifs, les percussions indiennes, iraniennes, moyen-orientales. Je suis très influencé par les musiques du monde et surtout les musiques orientales puisque je joue les instruments et j’apprends les rythmiques de ces pays. Ca ne m’empêche pas d’être également influencé par le jazz, le hip hop, l’électro, le rock.

Manu : J’ai commencé par une formation classique au saxophone, puis je me suis aussi intéressé à la musique indienne, j’ai voyagé en Inde pour apprendre cette musique, que j’ai continué à étudier à mon retour en France avec des musiciens indiens. Par la suite j’ai suivi une formation Jazz, et je me suis mis à la clarinette basse le jour ou j’ai eu de quoi m’en acheter une (rires). J’écoute aussi beaucoup de musique répétitive, dont Guilllaume nous parlera sûrement.

Guillaume : Moi j’ai écouté beaucoup de Rock, je suis un gros fan de Sonic Youth, j’ai écouté du jazz aussi, mais plus du free Jazz, The Art Ensemble of Chicago par exemple. J’écoute aussi beaucoup de musiques du monde, de la musique traditionnelle éthiopienne, de la musique de papou. J’écoute aussi la musique de compositeurs tel que Steve Reich, ou Fred Frith, qui a fait un film qui s’appelle Step Across The Border, et qui a marqué un changement important dans ma façon de voir la musique.

Manu : On a commencé à chercher notre son en reprenant des thèmes modaux de Portal ou d’Aldo Romano, c’est un peu autour de ces mélodies là qu’on a commencé notre recherche, puis on s’est mis à composer nos propres morceaux.

Avez-vous des projets en cours ?

Manu : On vient d’enregistrer les compositions d’un répertoire sur lequel on travaille depuis deux ou trois ans maintenant, et en ce moment on travaille sur un nouveau répertoire pour enregistrer dans quelques temps un nouveau disque, mais c’est pas pour tout de suite.

Jouez-vous également dans d’autres formations ?

Manu : Je joue dans un groupe de Jazz vocal sur Bordeaux, je chante et je joue du sax. Je fais également partie d’un collectif d’art contemporain qui s’appelle Monts et Merveilles.

Luc : Je joue avec une chanteuse qui chante dans son dialecte du Sud de l’Egypte, c’est une musique qu’on qualifierait de musique du monde moderne. On travaille sur des samples créés en direct avec différents instruments, à vent, à corde, des percus. C’est un duo qui s’appelle Azram. Autrement, je travaille avec un joueur de Oud, c’est un projet qui commence à peine et qui verra le jour prochainement je l’espère. Et enfin je pars bientôt au Pérou avec une compagnie de théâtre, je m’occuperai de la direction musicale d’une pièce sur les contes.

Guillaume : Moi j’ai pas d’autres formations (rires). J’ai un projet autour de l’orgue à bouche laotien avec un facteur d’accordéon. C’est un instrument que j’adore et qui a un potentiel créatif extraordinaire, le seul soucis c’est que c’est un instrument traditionnel qui est très dépendant de l’hygrométrie, il est fabriqué pour sonner dans les conditions climatiques du Laos mais ne répond pas de la même façon dans des régions où le climat diffère, comme la France par exemple. Je pars au Laos cet été pour rencontrer un musicien laotien avec lequel j’ai joué l’année dernière à Ventiane, dans l’idée de monter un projet autour de cet instrument. Je suis également fan de musique électro, et mon idée c’est de pouvoir trouver avec des instruments en bois et jouables en live cette qualité de travail de son, mais avec des instruments je le répète, parce que les concerts d’électro ou les mecs sont derrière un ordinateur, et appuient sur une touche sans que rien ne se passe, ça me gonfle ! Et donc dans ma recherche je me suis retrouvé avec des instruments comme le Didjeridoo avec lequel on peut obtenir beaucoup d’effets sur lesquels on peut travailler, et le khên, l’orgue à bouche laotien, qui peut par moments avoir un son de synthé.

Que siginifie cette victoire pour vous ?

Manu : Nous sommes très heureux d’avoir pu participer et remporter ce tremplin du fait que notre musique se situe quand même à la frontière du Jazz. Nous sommes très reconnaissant vis à vis de l’ouverture du Jury qui par cette décision a montré que le Jazz restait une musique ouverte, qui n’est pas figée et qui ne se limite pas à ce que les institutions et les conservatoires peuvent transmettre. Le jazz reste dans cette dynamique d’assimilation et de travail sur des influences qui lui sont extérieures, et c’est cette dynamique qui façonne cette musique depuis toujours. Pour nous la question de savoir si notre musique appartient à tel ou tel genre ne nous intéresse pas, mais le fait que le milieu du Jazz nous reconnaisse est quelque chose qui nous touche.

Y a-t-il un message ou un esprit que vous souhaitez transmettre à travers votre musique ?

Manu : Nous nous intéressons tous les trois à la spiritualité et c’est quelque chose qui nourrit notre manière d’appréhender la création et la scène pour essayer de faire vivre quelque chose qui soit au-delà de l’ego et de ce que l’on peut, en tant qu’individu, vouloir et produire, afin d’être dans une dimension de partage qui nous dépasse.

Guillaume : C’est ce qu’on cherche dans notre musique, proposer quelque chose où l’on peut s’exprimer chacun individuellement mais où dans le même temps l’individu n’est pas mis en avant dans le sens de l’ego. Même s’il y a des parties solo, j’ai la sensation qu’on arrive à faire du solo à trois. Quand l’un de nous est mis en avant et prend la parole, il parle au nom de tout le groupe.

En parlant du nom de groupe, d’où vient le nom NOSTOC ?

Guillaume : Nostoc en fait c’est une bactérie qui réalise la symbiose avec tous les milieux dans lesquels elle se trouve. Poétiquement on appelle ça les crachats de Lune. A l’époque où l’on cherchait encore un nom, on nous avait demandé d’en choisir un lors d’un festival dans lequel on jouait, c’est celui là qu’on a choisi et depuis on l’a adopté. Ca correspondait bien à notre état d’esprit de l’époque, on jouait un peu partout, dans la rue, dans des bars, dans des restos, partout où on pouvait.

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Neil Saidi

One thought on “Entretien avec le groupe Nostoc : Vainqueur du Tremplin Jeunes Talents 2011 du festival Jazz à Saint-Germain-des-prés”

Commentaire(s)

  • Le jazz est la, j’aime .
    Cordialement

    July 12, 2011 at 20 h 47 min

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