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Enregistrement de La Fille de Mme Angot, école-laboratoire Bru Zane

Enregistrement de La Fille de Mme Angot, école-laboratoire Bru Zane

04 March 2021 | PAR Victoria Okada

Extrêmement actif dans l’activité d’enregistrement, tant pour ses propres productions que pour ses partenariats avec des labels, le Palazetto Bru Zane – Centre de musique romantique français (PBZ) a enregistré, durant toute la semaine du 15 février, La Fille de Mme Angot.

L’œuvre que Charles Lecoq a composé sur un livret de Clairville, Paul Siraudin et Victor Koning, qui a connu un immense succès dès sa création en 1872 à Bruxelles (création parisienne l’année suivante aux Folies-Dramatique où il a connu plus de 400 représentations consécutives), est aujourd’hui bien rare. Seulement quelques productions récentes (à Lausanne en 2010, à Liège en 2011-2012, à Marseille en 2018) et des enregistrements qui remontent à des décennies auparavant (notamment avec Mady Mesplé chez EMI, réédité en 2003) ravivent les souvenirs nostalgiques de nos grand-parents. 

À cette occasion, le PBZ actualise la partition, et ce dans le sens propre du terme, car il publie pour la première fois le conducteur d’orchestre. En effet, si les matériels existent ça et là, et un conducteur en version allemande pour les représentations dans des pays germanophones, la pratique française de l’époque n’a pas préoccupé les éditeurs ni à graver ni à imprimer les manuscrits, les chefs d’orchestre travaillant directement sur des partitions originales (souvent lorsque le compositeur dirige ses œuvres dans la fosse) soit sur les copies manuscrites.

Comme à l’accoutumé, le département de l’édition du PBZ, sous la responsabilité scientifique de Sébastien Troester, a effectué un énorme travail d’éditions, dont le résultat devient un précieux outil pour les musiciens. Pour autant, ceux-ci remarquent, au fur et à mesure qu’avance l’enregistrement, des coquilles et des fautes. À chaque signalement venant de différentes pupitres, Sébastien Troester accourt auprès d’eux pour recueillir des relevés et les note sur son exemplaire. Ainsi, ce cette séance d’enregistrement n’est pas seulement pour éditer un disque, mais aussi pour un travail en temps réel sur la partition, comme dans la création d’une œuvre inédite. 

Le vendredi 19 février où nous étions conviés, les chanteurs enregistrait deux grands airs de l’opéra comique, les plus connus, pour Clairette (Anne Catherine Gillet) et pour Mademoiselle Lange (Véronique Gens) accompagné du chœur (masqué), avec des scènes qui précèdent ou suivent, ainsi que la fameuse valse qui a jadis fait tourner la tête de tant de jeunes gens.

Alexandre Dratwicki, directeur artistique du PBZ, donne des indications derrière le micro, surtout en matière de diction et de prosodie.
Lors de notre interview direct sur Facebook Live avec notre collègue Paul Fourier, Véronique Gens évoque la séance des scènes parlées, de la manière de réciter avec les bras posés sur les hanches, par exemple, la manière dont elle a tant appris avec des comédiens-chanteurs de la production rompus à ce genre d’exercices.

Ces journées d’enregistrement servaient donc d’une école ou d’un laboratoire du répertoire français dont on reconsidère à juste titre sa valeur, même pour des artistes les plus confirmés. 

La Fille de Mme Angot, musique de Charles Lecoq.
Orchestre de Chambre de Paris, Chœur du Concert Spirituel
Sébastien Rouland (direction)
Avec : Anne Catherine Gillet, Véronique Gens, Artavazd Sargsyan, Mathias Vidal, Matthieu Lécroart, Ingrid Perruche, Antoine Philippot, Flannan Obé et David Witczak
Livre-disque dans la collection Opéra Français chez Palazetto Bru Zane, à paraître en 2022. 

Crédit photo © Le Philtre

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