Tristesse et vive émotion pour le dernier concert de l’orchestre symphonique national Grec
Le 11 Juin dernier la radio-télévision publique grecque cessait brutalement d’émettre. Un choc pour l’ensemble de la population comme pour le reste de l’Europe pour qui cette fermeture constitue une atteinte à la démocratie autant qu’à la liberté d’information. Conséquence de cette décision et des restructurations envisagées, la fin de l’Orchestre National Symphonique Grec.
Vendredi 14 juin, l’Orchestre National Symphonique Grec, équivalent de l’Orchestre National de France (administré par les concerts de Radio France et dirigé par Danièle Gati) donnait non sans une grande émotion leur dernière représentation. En présence de centaines de Grecs rassemblés devant les locaux de l’ERT, les musiciens, troublés, au bord des larmes pour certains, firent résonner ensemble les notes d’un ultime programme et interprétèrent pour finir « Nimrod », œuvre symphonique extraite des Variations Enigma d’Edward Elgar.
Selon le communiqué de l’ensemble musical, le pays mis à mal par la crise financière et l’austérité imposée par l’Europe n’aurait plus le budget nécessaire à la survie de la formation et du chœur pourtant vieux de 75 ans. En outre, il ne souhaiterait pas accorder la même place à la musique dans la future structure. Aussi, les artistes en appellent à l’aide internationale, enjoignant à : « adresser une déclaration officielle à la fois électronique et par courrier postal si possible, au gouvernement grec (Cabinet du premier ministre, ministère des Finances et le ministère de la Culture, ministère d’État, Secrétariat général de l’Information et de la Communication, et à vos gouvernements respectifs, afin de faire pression en faveur de l’existence et du fonctionnement des ensembles de musique et ERT en général », considérant que faire rayonner la musique instrumentale est un devoir que la télévision public se doit de maintenir.
Pour beaucoup, outre l’arrêt de l’ERT, la fin de l’Orchestre National Symphonique est un symbole démocratique fort, et qui plus est le symbole d’une nation disparaissant peu à peu, engloutie telle l’Atlantide par l’océan capitaliste. Pour l’ensemble de la communauté musicale internationale, la tristesse est réelle et l’angoisse tout aussi palpable.
Le secteur culturel est le premier touché par la crise. En France, de nombreuses ’institutions ont vu leur subventions diminuées, et bons nombres d’orchestres peinent à survivre, faisant partout où ils le peuvent des économies de bout de chandelle. Tous affichent sur leur site un petit onglet « soutenez-nous », tous font la chasse aux mécènes. Nous avions d’ailleurs évoqué l’année précédente les difficultés de l’Orchestre National d’Ile de France qui, menacé de disparition, enjoignait ses spectateurs à signer une pétition pour les soutenir.
Concernant les orchestres administrés par les concerts de Radio France, la crainte de voir les formations se réduire, est présente depuis la suppression de la publicité sur le service public. Alors que de nombreuses émissions culturelles particulièrement musicales se voient supprimées des grilles de programmations, la situation de l’ERT rappelle à chacun la difficulté et l’instabilité du service public et des instances culturelles qui en dépendent, dont la gestion est liée au contexte économique national.
En outre, se pose encore une fois la question du rôle du service public quant à l’éducation, et la diffusion de la culture, plus particulièrement dans ce cas quant à la nécessité de faire vivre la musique instrumentale tant pour la populariser que pour le rayonnement national d’un pays.
A noter dans vos agendas: en soutien et solidarité avec le peuple grec, Mediapart organise cette soirée de soutien le mardi 18 juin à 20 heures, au Théâtre du Châtelet, à Paris.
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Commentaire(s)
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mireille
Que tout ce gâchis est terrible, et que l’absence d’Orchestre National Grecs est bien triste. Réveillons et faisons la guerre à ces sociétés capitalistes qui bouffe notre argent et laissons les gens s’exprimer à travers la musique.