
Natalie Dessay, « De l’opéra à la chanson » : un double salut
Cela n’aura échappé à personne, Natalie Dessay fait ses adieux à la scène lyrique pour se tourner vers d’autres lumières. Celle qui fut – et qui reste – une des plus grandes voix de l’opéra a sorti en octobre 2013 un album en duo avec Michel Legrand, Entre elle et lui. C’est ensuite le succès de Rio Paris, puis un retour au spectacle dans Les parapluies de Cherbourg au Théâtre du Châtelet en début de saison. Afin de tourner définitivement la page et pour rendre un dernier hommage à cette extraordinaire carrière qu’elle laisse derrière elle, Natalie Dessay sort en novembre dernier un album best of retraçant les 20 dernières années passées « au sommet », De l’opéra à la chanson. Combien d’artistes lyriques peuvent se targuer d’avoir sorti un best of de leur vivant ? Encore une fois, la « Gavroche des barricades de l’opéra » ne fait pas comme tout le monde…
Dans ce coffret de deux CD, on peut compter 22 airs d’opéras suivis de 8 chansons de variété. Si l’on peut penser qu’il y a là un déséquilibre entre ces deux genres musicaux, il faut rappeler qu’il respecte tout simplement la carrière de la chanteuse qui a décidé d’arrêter l’art lyrique il y a seulement deux ans environ. Il aurait été difficile et étrange de traiter à part égale une carrière accomplie et une autre qui commence.
Pas besoin d’être fan de la soprano pour écouter avec grand plaisir ces extraits tous plus fameux les uns que les autres : Les Filles de Cadix, Lakmé, La traviata, Rigoletto, Hamlet, La Sonnambula, Alcina, mais aussi les grandes Cléopâtre et Reine de la Nuit qu’elle a su incarner avec brio et qui ont marqué sa carrière. On s’étonne tout de même de l’absence de Manon dans toutes ces héroïnes rassemblées ici. Adepte ou non, vous n’en serez pas moins conquis.
Le deuxième album, quant à lui, se tourne sur des airs que l’on entend habituellement en concert, comme la Cantate BWV51 de Bach, « Et incarnatus est » de la Messe en ut mineur de Mozart, ou encore « In Trutina » de Carmina Burana d’Orff, et il est vrai que ce genre d’airs est souvent vite oublié lorsque l’on songe à la carrière d’une cantatrice : on parle plus volontiers de l’interprétation d’un personnage que d’un requiem. Il est alors agréable de retrouver ces airs ici, dans cette parenthèse de recueillement entre les folies de l’opéra et une certaine légèreté (qui ne manque bien sûr pas de profondeur) des chansons de la variété avec des titres plus récents, comme Somewhere over the rainbow ou Les moulins de mon cœur.
Ce double album est donc un best of intelligemment conçu, où tout le monde pourra y trouver son plaisir et une très belle façon de découvrir Natalie Dessay pour ceux qui ne connaissent qu’une partie de sa carrière. Une superbe manière également pour l’artiste de quitter les lumières de la scène lyrique pour nous entraîner dans celles qui l’attendent désormais. Ne doutons pas qu’elle saura encore nous surprendre !