Classique
Les sorties classiques et lyriques à écouter en janvier

Les sorties classiques et lyriques à écouter en janvier

14 January 2019 | PAR La Rédaction

Premier mois de l’année et besoin d’énergie et de grâce pour les longues soirées d’hiver ? Entre anniversaires et musiques sacrées, décembre a été une fête du côté des écoutes classique et lyriques à écouter en cette rentrée !

Par Yaël Hirsch et Victoria Okada

Happy B’day, les Modigliani
Pour fêter ses 15 ans, le Quatuor Modigliani qui a plus de 10 enregistrements à son actif, propose chez son éditeur, Mirare un disque très festif de morceaux courts et fulgurants qui sont souvent des bis. Le quatuor en charge de la direction artistique du Festival d’Evian a changé de premier violon en 2016, Amaury Coeytaux ayant pris la suite de Philippe Bernhard, et la fougue est toute en continuité. Sous le titre “Portraits”, ce disque assez grisant commence sur une note puissante avec le “Capriccio” de Mendelssohn, que les quatre musiciens affectionnent particulièrement. L’intensité est parfaite dans l'”Adagio” de Barber, l’on adore découvrir ou redécouvrir le “Scherzo” de Kreizler ou le final et pétillant “Plink, Plank, Plunk” de Anderson. Quant aux “Presto” de Mozart, il laisse augurer encore bien des années de jeunesse à ce quatuor aussi brillant que déjà adolescent (15 ans!). Quatuor Modigliani, Portraits, 65′, Mirare. Sortie le 11 janvier 2019. YH

Compositeurs exhaustifs 

Le Couperin de Christophe Rousset
Au clavecin comme à la direction, Christophe Rousset fréquente depuis 45 ans François Couperin (1668-1733) . Il a déjà écrit sur le compositeur en 2016 chez Actes Sud et livre  avec ses talents Lyriques en deux CDs le fruit de ce compagnonnage.  Livres de pièces de clavecins, Motets et Leçons de ténèbres (absolument magnifiques!) mais aussi Tic-Toc-Choc, ou l’Apothéose de Lully, s’entremêlent comme des fils dorés de tapisserie dans ce double-album assez magique où l’on a l’impression de flotter dans une mer de Couperin. Une somme impressionnante. Christophe Rousset, Talents Lyriques, Couperin et moi, Aparté (Pias / Harmonia Mundi), 2CDs 66’7 et 65’13, sortie le 14/12/2018. YH.

Intégrale de la musique de chambre de Brahms : suite


Voici les volumes 2 et 3 des concerts pour l’intégrale des œuvres de musique de chambre de Brahms, enregistrés en directe et en public. Autour de Pierre Fouchenneret (violon), François Salque (violoncelle) et Eric Le Sage (piano), des musiciens du premier plan appartenant à la nouvelle génération (Shuichi Okada, Adrien Boisseau, Yan Levionnois, Joël Lasry…) jouent en bonne camaraderie, créant toujours une fraîcheur insoupçonnée. La prise de son laisse la résonance chaleureuse de chaque lieux — théâtre de Coulommiers et la Maladrerie St-Lazare à Beauvais pour le volume 2 et la Chapelle Musicale Reine Elisabeth pour le vol. 3 — loin de la perfection parfois froide de studio d’enregistrement. Après un grand « marathon » aux Bouffes du Nord à Paris en juin dernier où une partie de cet intégrale a été enregistré (parue dans le volume 1), on peut réentendre le temps d’un concert ces musiciens à Coulommiers, le 24 janvier 2019, dans le cadre de la Belle saison : réseau de 18 salles de concerts singulières en France et en Europe, produisant plus de 100 concerts en 2018. Brahms Intégrale Musique de chambre, vol. 2 – Quintettes et sextuors à cordes ; vol. 3 – Œuvres avec instruments à vent. 2 CD (pour chaque volume), B Records, LBM012, LBM015. VO

Le clavier bien tempéré par Cédric Pescia


Dans les œuvres de Bach, Cédric Pescia montre ce jeu très moderne qui s’apparente parfois à la musique pop voire rock, tout en s’inscrivant dans la pure tradition d’interprétations pianistiques. Deux éléments contradictoires ? Pas autant que ça. Le langage de Bach est si universel qu’on peut en faire de tout. Mais l’admiration de Pescia à son égard est de l’ordre de la dévotion, comme le dit lui-même dans le livret. Dès lors, la pulsation que l’on peut prendre pour un élément qui ressemble à la musique « pop » viendrait certainement de son ressenti intérieur, et absolument pas selon une démarche pour marquer quelque chose de différent par rapport aux autres. Car, comme il l’affirme également, Bach est l’un des compositeurs qui sont au cœur de son répertoire, il le connaît donc par cœur ; et le pianiste insiste sur le caractère de danse et de l’improvisation ainsi que la voix qui habitent les œuvres du cantor de Leipzig (est-ce cela qui fait penser au rythme et à la musique actuels ?) En enregistrant l’intégrale de ces 48 préludes et fugues, de surcroît sans partition (« mon regard n’était plus accaparé par le papier », dit-il) il a posé une pierre de plus, une grosse, dans l’histoire de l’interprétation de ces œuvres. Le Clavier bien tempéré (intégrale) par Cédric Pescia. 4 CD La Dolce Volta, LDV 38.1. Durées : 56’32 ; 60’50 ; 69’03 ; 76’53 VO

 

 

Schumann en douceur avec Sol Gabetta


Après son duo mutin, haut en couleurs et baroque aux côtés de Cecilia Bartoli dans Dolce Duello, la violoncelliste Sol Gabetta retrouve son complice le pianiste Bertrand Chamayou et propose chez Sony un disque Schumann élégant et tout en douceur avec le Kammerorchester Basel. Il y a la fulgurance des 5 pièces avec leurs tempéraments, trois “Fantasie Stucke” et l’Adagio et allegro. Mais bien évidemment, le morceau de bravoure de ce violoncelle exhaustif schumannien est le concerto. Que gabetta interprète avec une infinie douceur. Rien ne crise ou ne crie dans son interprétation fine, ronde et attentive et l’on entend le deuxième mouvement “langsam” comme une berceuse pour enfant. Sol Gabetta, Kammerorchester Basel, Schumann, Sony Music, 57’54, sortie novembre 2018, 17 euros. YH

 

 

Prokofiev par Lukas Geniusas


Pour son premier disque chez Mirare, Lukas Geniusas choisit un programme Prokofiev : œuvres écrites dans sa jeunesse (Sonate n° 2 op. 14, 1912, et Dix Pièces op. 12, 1906-1913) et la seule Sonate composée en Occident (op. 38, 1923) et révisée à la fin de sa vie (op. 135, 1952-53). L’interprétation de Geniusas, énergique et extrêmement précise, est tridimensionnelle ; des reliefs ingénieux, des accents certes personnels mais entièrement convaincants, des humeurs presque sarcastiques, ainsi que quelque chose qui pique fort derrière une douceur et tendresse… Tout cela fait de ce pianiste russo-lithuanien une personnalité musicale unique. Pokofiev, Sonates n° 2 et 5, 10 pièces pour piano par Lukas Geniusas. 1 CD Mirare, MIR412. Durée : 59’  VO

 

 

Chopin selon Achúcarro


Le grand maître espagnol du piano, né en 1932, longtemps très mal connu voire ignoré en France, y révèle enfin son art. Ce deuxième disque Chopin après celui consacré à Schumann, contribue modestement à mieux appréhender ce pianiste qui reste encore discret dans notre pays. S’il ne montre pas la vigueur et la brillance d’un jeune musicien, son interprétation est imprégnée de profondeur, elle est philosophique. En effet, Joaquín Achúcarro aura attendu longtemps avant d’enregistrer les Préludes, les pièces phare de ce disque, car il voulait avoir la sensation de les avoir totalement assimilés. Les œuvres de Chopin sont ainsi devenues une part de son subconscient. Aussi peut-on dire que c’est la quintessence de son art qu’il a gravée. Chopin, 24 préludes, Fantaisie-impromptu, Nocturnes, Barcarolle. 1 CD La Dolce Volta, LDV44. Durée : 74’32 VO

 

 

 

Des petits labels dynamiques

Boréales, grand nord au violoncelle


Le label 1001 notes lance le nouveau disque de la violoncelliste Hermine Horiot, habitué du Festival 1001 notes. Suédoise par son arrière-grand-mère, la jeune musicienne retrouve son origine nordique lointaine dans ces musiques méditatives à diverses façons. Le clou de ce CD est certainement Fratres d’Arvo Pärt, qui a validé l’adaptation pour violoncelle, quintette à cordes, piano et électronique réalisée par julien Podolak. Un son en profondeur qui s’élance dans l’univers traverse cet enregistrement, tel un voyage initiatique en musique. Boréales, par Hermine Horiot. 1 CD 1001 notes, 1001NOTES13. Durée : 63’16 VO

 

 

 

 

 

Duo pétillant Anastasia Kobekina / Paloma Kouider

Le Festival d’Auvers-sur-Oise a son propre lable, DiscAuverS, qui a pour mission de faire découvrir les jeune talents du Festival. La jeune violoncelliste russe Anastasia Kobekina a une sensibilité et une délicatesse qui se conjuguent merveilleusement avec sa musicalité pétillante. Ici, elle a une partenaire idéale qui la guide et la seconde à la fois : Paloma Kouider. Ensemble, elles déploient trois des partitions les plus caractéristiques du répertoire : la deuxième Sonate trop injustement méconnue de Miaskovski, la très célèbre Sonate pour violon de Franck dans un arrangement pour violoncelle, et la Suite italienne de Stravinsky. Dans une entente parfaite, leur interprétation déborde de bonheur, même dans les pages les plus sombres. Anastasia Kobekina, Paloma Kouider. 1 CD DiscAuverS, DAS020. Durée : 66’35 VO

À la découverte d’Eugène Anthiome


Eugène Anthiome (1836-1916), Second Prix de Rome et professeur de piano au Conservatoire (parmi ses élèves comptait Maurice Ravel), est aujourd’hui totalement relégué aux oubliettes. Un jour, dans le grenier de sa maison bretonne, un amateur de musique a trouvé un lot important de partitions de ce compositeur prolifique. L’Ensemble Contraste, pour son nouveau label « Label Contraste Production », enregistre quelques pages de sa musique de chambre et vocal. Mais c’est surtout la mezzo-soprano Ambroisine Bré qui est à l’honneur de ce disque. Sa voix naturelle et expressive contribue véritablement à la redécouverte de ses mélodies nostalgiques du romantisme. Eugène Anthiome par Ensemble Contraste. 1 CD Label Contraste Production. Durée : 55’14 VO

Arrangements ingénieux et insolites

Ensemble Ouranos, quintette à vent


Le quintette à vent est une formation suffisamment rare que son répertoire est encore bien trop méconnu du public. Conscient de ce constat, l’Ensemble Ouranos, créé en 2014 à l’initiative du clarinettiste Amaury Viduvier, a établi un programme avec trois œuvres qui représentent son identité musicale : Six Bagatelles de György Ligeti, Kvintet (Quintette) op. 43 de Carl Nielsen et le Quatuor américain d’Anton Dvorak (transcription pour quintette à vent par David Walter). Motivés par deux volontés, l’une de donner à entendre les multiples facettes de cette formation par la diversité des langages proposés, et l’autre, de rendre évidente la notion de folklore en tant qu’élément essentiel du discours musical, les musiciens insufflent couleurs et paysages divers et variés, qui sont si réussis qu’on croirait même que Dvorak aurait écrit son Quintette pour instruments à vent ! À découvrir absolument. Ensemble Ouranos, Ligeti, Nielsen, Dvorak. 1CD NoMadMusic, NMM056. Durée 61’55 VO

 

 

 

Calling the Muse, pièces anciennes et nouvelles pour Théorbe


Si vous pensez que le théorbe est un instrument purement baroque et sa sonorité pas très actuelle, vous commettez une grave erreur. La preuve, Bruno Helstroffer navigue librement dans le temps et dans les styles dans son programme unique en son genre. Ce guitariste classique puis électrique, autodidacte du théorbe et des musiques anciennes, soliste et accompagnateur, interprète et compositeur, est une sorte d’OVNI dans cet univers finalement cantonné. Ici, quelques partitions de J.H. Kapsberger, fidèlement interprétées ou arrangées de manière inventive, sont accompagnées de Bach, de Piccinini, de Castaldi, mais encore de… Satie ! Elles sont parfois précédées ou suivies de morceaux originaux, avec le concours d’une voix (chant), d’un serpent, d’une contrebasse, et d’un narrateur et poète. Cette liberté nous surprend d’abord puis nous séduit, et on l’adore dès que l’on commence à écouter ce disque. Calling the Muse. Old & new pieces for theorbo, par Bruno Helstroffer. 1CD Alpha Classics, ALPHA391. Durée : 53’11  VO

 

 

 

Debussy et le jazz


Dans la série de belles éditions de CD sous un coffret à motifs art nouveau (dix disques parus), « Debussy et le jazz » est certainement le plus surprenant. Jusqu’aujourd’hui, nombreux artistes de divers horizons rendent hommage à ce magicien de la mélodie et du timbre, grand « coloriste » et père de la musique moderne. L’auteur de Pelléas fait partie de ceux qui, bien avant Louis Armstrong et Bill Evans, ont influencé de façon décisive certaines couleurs du jazz. C’est le Quatuor Debussy (who else ?) qui, avec la complicité de grandes personnalités du jazz, nous livre des versions revisités du compositeur français. Avec Vincent Peirani (accordéon), Franck Tortiller (vibraphone), Jean-Philippe Collard-Neven (Piano) et Jacky Terrasson (Piano). Renversant. Debussy… et le jazz. Preludes for a quartet par le Quatuor Debussy et invités. 1 CD (en coffret) Harmonia Mundi, HMM902308. Durée : 66’28 VO

Le baroque plus que vivant

Anima Sacra


Jakub Jozef Orkinski, la nouvelle coqueluche de la galaxie des contre-ténors, livre son premier disque solo dédié à des airs sacrés baroques. Et il s’y attaque fort ! Sur les douze œuvres réparties sur 23 pistes qui composent ce CD, on compte jusqu’à huit enregistrements en première mondiale, comme « Alla gente a Dio diletta » extrait de Il Faraone sommerso et Tam non splendet sol creatus de Nicola Fago (1677-1745), ou « Domine Fili unigenite » extrait de Messe à 5 voix en ut majeur de Francesco Durante (1684-1755). Il a pour cela bénéficié de l’aide de Yannis François, qui a déniché et édité la plupart ds pièces de ce disque. La pureté de sa voix et l’inspiration dans son interprétation montrent une fois de plus son grand talent, porté et soutenu par la complicité du jeune chef et claviériste tout aussi talentueux Maxim Emelyanychev à la tête de l’ensemble flamboyant Il Pomo d’Oro. Anima Sacra Sacred Baroque Arias par Jakub Jozef Orkinski, Il Pomo D’oro, Maxim Emelyanychev. 1 CD Erato. Durée : 75’37 VO

 

 

 

 

Sonates et Partitas de Bach
Le chef et premier violon du Freiburger Barockorchester, Gottfried von der Goltz est une personnalité bien connu des musiciens « baroqueux ». Aujourd’hui, il se présente enfin au grand jour auprès du public, avec ce premier enregistrement solo. Et pas n’importe lequel. Les Sonates et les Partitas de grand Bach, des sommets qui s’élancent très haut dans le ciel musical, que tous les violonistes devraient saisir à mains nues. Et Gottfried von der Goltz escalade ces cimes avec virtuosité, non seulement sur le plan technique mais aussi sur celui du style ; il les joue avec élégance et noblesse empruntée d’une certaine pudeur qui paraît parfois austère. A quoi s’ajoute la prouesse dans la prise de son, extrêmement agréable, que l’on imagine très fidèle à la source sonore. Johann Sebastian Bach Sonates & Partitas, BWV 1001-1006 par Gottfried von der Goltz. 2 CD Aparté, AP176. Durée : 65’54 ; 71’10 VO

 

 

 

 

Visuels : © 2018 Quatuor Modigliani 

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La Rédaction

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