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Festival Présences (2) : deux créations par le Philhar’

Festival Présences (2) : deux créations par le Philhar’

06 February 2021 | PAR Gilles Charlassier

Diffusé en direct sur France Musique depuis la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, le concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction d’Alain Altinoglu met au programme deux créations, Géante rouge de Diana Syrse et Waves, concerto pour orgue de Pascal Dusapin, sous les doigts d’Olivier Latry.

 

Réduit à une diffusion radiophonique, qui, certes, compte aussi parmi ses missions, le Festival Présences 2021 célèbre la musique de Pascal Dusapin. L’éclectique concert d’ouverture, mardi 2 février, en a témoigné, ainsi que les deux soirées des mercredi 3 et jeudi 4 février, également retransmises en direct depuis Radio France. Sous la direction d’Alain Altinoglu, le programme du Philharmonique est le quatrième et dernier rendez-vous offert en live aux auditeurs de France Musique, cette fois depuis la Philharmonie de Paris.

En apéritif, Géante rouge de Diana Syrse, commande de Radio France donnée en première mondiale, frappe par une entrée en matière tellurique, qui ne cède pas cependant à une inertie massive, et ménage quelques chatoiements instrumentaux, dans une écriture qui privilégie une certaine expressivité minérale. Intitulé « duo pour orgue et orchestre », plutôt que concerto, Waves de Pascal Dusapin, commande de Radio France donnée en première française, façonne un magma sonore où le soliste « s’intègre » plus qu’il ne s’oppose à la réponse orchestrale – pour reprendre les mots mêmes du compositeur, qui a longtemps attendu avant d’écrire pour un instrument qui l’avait fait souffrir enfant. En une demi-heure, la partition propose un voyage aux consonances que d’aucuns pourraient qualifier de cinématographique, avec le sens de la dramaturgie qui caractérise l’auteur, et une indéniable recherche d’homogénéité qui fait de l’orgue et de l’orchestre une sorte d’instrument unique, aux ramifications multiples. Sans dédaigner une virtuosité qu’assume Olivier Latry, la pièce favorise d’abord une évidence évocatrice.

Après une pause aux dimensions de l’entracte habituel, les pupitres du Philhar’ interprètent un des grands chefs-d’oeuvre du répertoire, le Concerto pour orchestre de Bartok, qui contraste avec son foisonnement de couleurs et d’éclairages solistes – ici habilement mis en avant, sans jamais diluer la cohérence de la forme – dans une filiation assumée avec le modèle baroque du concerto grosso. Alain Altinoglu en livre une lecture attentive à l’équilibre entre les différents camaïeux qui se développent au fil des cinq mouvements de l’oeuvre, depuis la tension de l’Introduzione jusqu’à l’ivresse du Finale, en passant par l’irrésistible ironie du scherzo, l’intensité de l‘Elegia et les accents satiriques de l’Intermezzo interrotto. Un beau feu d’artifice pour refermer la soirée, qui inscrit avec intelligence la création contemporaine dans la continuité d’une histoire de la musique aux multiples dynamiques.

Le concert est à réécouter sur le site de France Musique, pour se consoler de la fermeture des salles de concert, laquelle n’a pas encore de terme déterminé. Le Festival Présences se poursuit ce week-end des 6 et 7 février, avec des concerts enregistrés et diffusés ultérieurement dans le mois courant et suivant à l’antenne.

Gilles Charlassier

Festival Présences, concert du 5 février 2021, Philharmonie de Paris

 

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