Musique
À la Maison de la Radio, le Hip-Hop Symphonique impose son tempo

À la Maison de la Radio, le Hip-Hop Symphonique impose son tempo

25 December 2022 | PAR Yohan Haddad

Événement majeur du rap francophone, le Hip-Hop Symphonique signe son retour à la Maison de la Radio avec un show monumental mêlant élans symphoniques et couplets rappés dans une osmose toute maîtrisée.

Les symphonies du hip-hop

Depuis maintenant sept éditions, le Hip-Hop Symphonie s’est imposé comme le mariage parfait entre deux genres qui n’ont pourtant pas grand chose à voir, à savoir la musique classique et le hip-hop. Sous l’impulsion de Bruno Laforestrie, producteur du show, et de partenaires comme la radio Mouv’ et l’Adami, qui s’occupe des droits des interprètes dans le domaine de la musique française, cet événement s’est imposé comme une plaque tournante dans la démocratisation d’un véritable art du rap en France, encore trop sous-considéré dans certains milieux musicaux. Pourtant, force est de constater que ce genre ne s’est jamais aussi bien porté : il est aujourd’hui le plus écouté en France, surpassant les nombreuses années de dominations des musiques pop et rock d’après un sondage mené par Libération en 2020.

Sous la direction artistique d’Issam Krimi, pianiste et arrangeur de génie, le Hip-Hop Symphonique valorise donc ce mariage osé mais réussi de bout en bout, comme en témoigne les 100 millions de vues des performances du show depuis plus de sept ans sur Youtube. De nombreux artistes influents de la scène rap en France y sont passés, old school comme new school, avec notamment Oxmo Puccino, Les Sages Poètes de la Rue, SCH ou encore Ninho.

Pour cette nouvelle édition, un beau monde s’est réuni dans la salle feutrée de l’Auditorium de la Maison de la Radio en cette douce journée du mois de novembre. À travers une journée de conférences de presse mouvementée, chacun des artistes a pu évoquer son art et sa relation avec le hip-hop et la musique symphonique, autour de répétitions impressionnantes et millimétrées, où lumières et instruments se mêlent avec une puissance harmonieuse. Parmi eux, on retrouve Gazo et son tube Die, l’un des plus gros succès de cette année 2022, ainsi que Soprano qui interprète deux chansons de son dernière album, tandis que Kalash, figure d’un rap aux influences multiples, échauffe sa douce voix aux sons des violons. Le collectif féminin AHOO et sa chanson éponyme, composé des rappeuses Chilla, Bianca Costa, Davinhor, Le Juiice et Vicky R s’est également réuni sur la scène de l’auditorium pour une performance électrique qui a réveillé les personnes présentes en ce jour de répétitions.

Un show magistral

Le spectacle s’est déroulé sans accrocs le lendemain, en présence d’un invité survolté à la présentation, en la personne de Jean-Pascal Zadi, césar du meilleur espoir masculin en 2021 pour sa comédie Tout Simplement Noir, comme il s’amuse à le rappeler un grand nombre de fois durant la représentation. Pendant deux heures, il anime la rencontre avec un bagout qui lui est propre, entre éclairs de génies quand il montre ses talents de rappeurs, et humour (volontairement ?) exagéré qui s’intègre parfaitement à un ensemble pouvant se montrer sensiblement sérieux, au cœur d’une salle qui l’est souvent tout autant. Franck Gastambide est également venu animer ces interludes, tandis que Soprano, entre deux chansons, s’est amusé à animer des rap contenders, ces battles de rap intergénérationnelles où la prose de la provocation domine.

La soirée s’est donc ouverte par la performance électrisante du collectif AHOO, avant que Soprano ne vienne interpréter son morceau inter-générationnel Hiro, où il retrace une histoire rêvé du monde contemporain, magnifiquement réorchestré par Issam Krimi et les musiciens de Radio France, pour faire vibrer toutes les générations présentes dans la salle, du pré-adolescent au représentant d’un hip-hop old school. Fianso est par la suite venu interpréter son titre Windsor, féroce retour sur son existence, tandis que Fresh, révélation de l’émission Nouvelle École sur Netflix, a fait chanter toute la salle avec son Chop et sa gestuelle hallucinée, autre grand succès de cette année 2022. Gazo a ensuite interprété son tube Die avec une utilisation originale de sa voix, partant dans les aigus, tandis que le groupe Berywam est venu interpréter un medley de grands classiques du rap américain en beat-box, reprenant des gimmicks avec des simples bruits de bouches. S’en est suivi des retours des artistes sur la scène au fil de la soirée, avant un sublime hommage à Coolio et à son Gangsta’s Paradise, interprété par AHOO et par les chœurs du Ice Kream, groupe du pianiste et arrangeur Issam Krimi placé en haut de l’auditorium.

Une autre nouveauté est venue se greffer cette année aux instruments pour ouvrir le champ du hip-hop à tous les horizons, et notamment à ceux qui ne peuvent l’entendre. Le Collectif Integraal, composé de Douboukan, Elodia, VinzSlam et Erremsi, est venu “chansigner” le concert, représentant en langue des signes tous les mots prononcés sur scène, jusqu’à reproduire admirablement les impulsions de Berywam. Un public de personnes sourdes et malentendantes était là pour les soutenir, ainsi que des artistes comme Soprano et Fianso qui viennent à leurs côtés pour aider à faire ressentir la mélodie et le verbe, tout en montrant un respect profond pour leur travail.

Au terme de la représentation, le constat est clair : le cœur du hip-hop français n’a jamais battu aussi fort, montrant que toutes les générations d’artistes et de spectateurs peuvent venir célébrer la musique rap avec un grand M, celle qui ose mélanger les genres et ouvrir les horizons en faveur de toutes les classes sociales, de tous les âges et surtout de tous les mélomanes.

Semaine spéciale Hip-Hop Symphonique du 26 au 29 décembre à 17h sur la radio Mouv’ avec la diffusion des éditions précédentes, avant la diffusion de cette 7ème édition le 30 décembre à 17h.

Diffusion le 11 janvier à 20h sur Canal +

Visuels : © Florent Drillon – Adami

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