Chronique de Cannes : syndrôme Hulot, suicide de Gordon
“L’idée de passer deux jours à Cannes est pour moi un cauchemar, mais je vais me faire violence…”, a déclaré Narcisse Hulot, avant d’apprendre que son documentaire (tiré de son livre) “Le Syndrôme du Titanic” ne serait pas présenté sur la Croisette. Réaction compréhensible au vu de la durée de la plupart des films en compétition, qui dépassent allègrement les deux heures. Le petit Nicolas aux allures de mannequin gracieux est ainsi sauvé du difficile rôle de VRP qu’il aurait du jouer, en promotion pour le dernier opus de sa série “Je me filme dans mes films.”
Tarantino aime bien Cannes
A l’inverse, Tarantino, cinéphile exubérant – qui pourtant s’attribue souvent un rôle dans ses films – est apparu amusé de monter une nouvelle fois les marches du Festival. Il aura gratifié les photographes de langoureux pas de rock, accompagné de la délicieuse Mélanie Laurent. Jouissif ! Une différence de statut, peut-être ? Grossière déclaration de M. Hulot, dont le prestige n’est pas tel qu’il puisse déblatérer sur le symbole de la félicité (parfois fausse ou seulement d’apparat), de la fête (d’apparence, entendons) et du cinéma (quelques fois mauvais.)
Nicolas Hulot n’aime pas Cannes
Les traditionnelles séances photos où chaque acteur, réalisateur ou simple vedette peut s’admirer, tel Pygmalion vers sa statue, auraient réjoui l’auteur de documentaires dont il est le seul spectateur. Ne pas être convié à Cannes est déjà emmerdant, mais devoir s’y rendre sans envie est carrément indicible. Le pire doit être de ne pas pouvoir le faire.
Le Festival, habillé de mille hypocrisies, flamboyante vitrine du cinéma et symbole de l’exubérance parfois honteuse doit rester une fête. Même dans de tristes circonstances, alors que la presse dévoile le suicide de la future Jane Birkin de Joann Sfar, Lucy Gordon. Elle était attendue ce soir à Cannes.
Jérémy Collado