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“Viande à brûler” de César Fauxbras: journal intemporel d’un chômeur

“Viande à brûler” de César Fauxbras: journal intemporel d’un chômeur

30 April 2014 | PAR Alice Dubois

Publié pour la première fois en 1934, Viande à brûler n’est pas un roman mais le carnet de bord d’un chômeur parisien au coeur de la crise de l’entre-deux-guerres. S’inspirant de son histoire personnelle, César Fauxbras, de son vrai nom Gaston Sterckeman, chroniqueur et auteur engagé livre ici une précieuse chronique sociale de son temps. Succès populaire qui enthousiasma la critique de l’époque, l’ouvrage vient d’être réédité aux éditions Allia.

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Viande à brûlerC’est sur les pas de Thévenin, ancien comptable fraîchement remercié, double romanesque de l’auteur, que le lecteur part à la rencontre des sans-emploi français des années 30. Dans un minable hôtel parisien, entouré d’une bande de chômeurs hétéroclites sombrant dans le dénuement le plus total, Thévenin va aussi découvrir, au-delà de la misère et de l’ennui, l’entre-aide et la solidarité de ceux qui n’ont plus rien.

Journal de bord ultra détaillé, témoignant de la réalité sordide au jour le jour, l’ouvrage raconte le quotidien avec une lucidité qui n’épargne personne. Menacés de radiation par une administration absurde, errant de galères en désillusions, hommes et femmes tenteront de rester la tête hors de l’eau malgré l’injustice d’une société capitaliste dévastatrice. Mais derrière l’optimisme joyeux de la bande de copains qui rêvent de voyages lointains se cache inévitablement la tragédie, celle d’une réalité amère et violente qui n’est pas supportable et dont l’auteur est tout à la fois acteur et témoin.

« Pauvre humanité ! Mon courage fout le camp. »

En parfaite résonance avec les maux actuels de notre société, Viande à brûler est un ouvrage à découvrir d’urgence. L’écriture de César Fauxbras, corrosive et truculente est une aubaine pour le lecteur. Elle offre, au-delà du savoureux plaisir de la langue, un précieux témoignage sur la misère populaire, thème tragiquement intemporel. Révolté et engagé, César Fauxbras est un peu le cousin français d’un Woody Guthrie qui, de l’autre côté de l’Atlantique, chanta et écrivit toute sa vie sur la misère américaine. Coup de coeur de la Rédaction.

 

Viande à brûler de César Fauxbras – Postface de Anthony Freestone. Editions Allia. Parution: mars 2014. 176p. Prix: 9,20€

Visuel: Couverture du livre

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Alice Dubois
Alice a suivi une formation d’historienne et obtenu sa maitrise d'histoire contemporaine à l'université d'Avignon. Parallèlement, elle est élève-comédienne au Conservatoire régional d'art dramatique de la ville. Elle renonce à son DESS de Management interculturel et médiation religieuse à l'IEP d'Aix en Provence et monte à Paris en 2004 pour fonder sa propre compagnie. Intermittente du spectacle, elle navigue entre ses activités de comédienne, ses travaux d'écriture personnels et ses chroniques culturelles pour différents webmagazines. Actuellement, elle travaille sur un projet rock-folk avec son compagnon. Elle rejoint la rédaction de TLC en septembre 2012. Elle écrit pour plusieurs rubriques mais essentiellement sur la Littérature.

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