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Une famille indienne

01 September 2009 | PAR Yaël Hirsch

L’auteur de Babyji et de Dernier été à Paris décrit New Delhi par les yeux d’un enfant de 8 ans. Entre tradition et modernité, une famille de classe moyenne oscille entre tendresse et vénalité.

eho_dawesar3cL’enfant a 8 ans. Ses deux parents sont médecins, et comme leur appartement est exigu, l’enfant entend les patients et apprend très jeune des termes très techniques pour impressionner ses deux jolies voisines. Il est aussi au courant de tout se qui se passe dans la famille de son père : pas mal de maladies génétiques, des paternités incertaines, l’avidité d’une belle sœur qui attend que le grand-père meure pour récupérer le magot, et les mauvais penchants de ses deux cousins aînés trop choyés par leur mère : l’un est drogué et dangereux, le deuxième rejoint par intérêt une faction politique violente. Malgré les dissensions, toute la famille s’unit pour marier la fille d’un des frères. Cousine est belle une fois la moustache épilée, et si gentille que l’enfant l’adopte comme sœur. Elle mérite un mariage de princesse…

Reprenant le thème de la curiosité pré pubère (pour les secrets, le sexe, et la vie, des adultes) qu’elle avait développée avec érotisme dans Babyji, Abha Dawesar est plus grave dans ce dernier roman. Dans l’Inde en héritage, elle décrit avec réalisme la promiscuité de la vie à New Delhi, les difficultés financières des classes moyennes, la corruption des administrations, ainsi que ces fossiles que sont les grandes traditions religieuses dans une ville qui tourne au rythme de l’intérêt matériel. On continue à aller voir l’astrologue avant de prendre toute décision, et suit ses conseils pour gagner le pardon des dieux, mais l’on peut vouloir tuer son père pour toucher l’héritage ou  assassiner son premier né quand elle est une fille et que cela déçoit la belle-famille..Heureusement, reste la bulle d’amour et de confiance que les parents construisent autour d’un petit garçon extrêmement vif et intelligent. Une belle galerie de portraits, tout en contrastes, derrière une apparence de « types » renforcée par les noms de totems (Six doigts, Psoriasis, Parfaite….) que l’enfant donne aux membres de sa famille.

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Abha Dawesar, L’Inde en héritage, Eho, 20 euros.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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