Premier roman : les Morues de Titiou Lecoq
Premier roman plein d’énergie sur des trentenaires de notre temps, les Morues est une fresque impertinente et sympathique. Parution au Diable Vauvert le 18 août 2011.
Journaliste dans un magazine féminin, Emma vit un moment difficile : d’une part sa meilleure amie d’adolescence, Charlotte, s’est suicidée, et elle se retrouve avec tout le groupe de ses amis de lycée à un terrible enterrement. D’autre part, son superbe amant et collègue voudrait une relation sérieuse et plan plan. Finis les plans cul dans les toilettes de la rédaction ! Or, à l’orée de la trentaine, Emma refuse absolument de s’engager dans un quotidien de couple mortifère. Heureusement, elle peut toujours compter sur le soutien des “Morues” : la fine et superbe Gabrielle, descendante de la maîtresse d’Henri IV, et Alice qui tient le bar où les morues se réunissent en comités féministes et néanmoins ouverts. Tellement ouvert d’ailleurs que les filles adoptent un nouveau membre, Fred, ami d’enfance d’Emma, ancien polytechnicien et scpo qui travaille comme secrétaire car il souhaite une vie “normale”. Fred et Emma ne croient pas à la thèse du suicide pour Charlotte qui a été retrouvée le tête explosée par une balle de revolver : d’abord elle n’était pas dépressive, même si son fiancé alias “Tout Mou” était assez nul, ensuite, elle travaillait dans l’audit sur une affaire épineuse : la privatisation des musées. Emma, Fred et par procuration les morues, commencent donc une enquête qui choque les proches et risque de coûter cher à Emma…
Dans un style contemporain et vif, Titiou Lecoq fixe la réalité d’une génération débrouillarde et pleine d’énergie. Les tout justes trentenaires d’aujourd’hui hésitent à se marier, oscillent entre plaisir et responsabilités et traînent parfois leurs questions existentielles un peu trop longtemps. Néanmoins, ces questionnements ne sont jamais blasés ni mortifères et n’empêchent aucunement l’envie de créer, de prendre du plaisir et de respecter sa parole. Les femmes y sont féministes sans haine des hommes, les mecs un peu paumés ou faustiens sans être complétement décadents ou déconsidérés. Bref, une génération de l’après-Houllebecq qui fait chaud au cœur et mise en scène avec tact au cours d’une intrigue prenante et attachante. Un très beau premier roman qui capte à merveille l’ère du temps.
Titiou Lecoq, Les Morues, Au Diable Vauvert, 472 p., 22 euros, Sortie le 18 août 2011.
Pour lire le blog de Titiou Lecoq, Girls and Geeks, c’est ici.
Photo : Titiou Lecoq © Radio France – 2011 / Clarisse Le Gardien