« Mutants » de Jean-François Bouvet, à quoi ressemblerons-nous demain ?

Jean-François Bouvel est agrégé de sciences biologiques et docteur ès sciences. Après avoir enseigné en classe préparatoire aux grandes écoles à Lyon, ainsi qu’à l’Université où il a effectué des recherches en neurobiologie, il se consacre désormais à l’écriture. Ses essais ont connu un large succès auprès du grand public et ont été traduits en diverses langues.

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A quoi ressemblerons-nous demain ? Plus grand, plus gros, moins mâle, plus féminin, sexuellement précoce, mais moins fertile, de plus en plus vieux, mais en mauvaise santé… Cet ouvrage, assez facile à lire, décortique pour nous les facteurs de notre évolution, de l’évolution de l’Homo Sapiens dans son environnement moderne. Les sciences et notre mode de vie « hors-sol » nous ont coupé des théories Darwiniennes d’évolution et de sélection naturelle pour nous mener vers un anthropocène chimique qui nous rend malade. Nous évoluons en fonction de l’environnement que nous avons conçu et non plus en fonction de environnement naturel. Notre évolution est rétro-active. Sur le banc des accusés : intrants agricoles, pesticides, pollutions diverses et bisphénol A. Le bisphénol A, présent dans tout, et dans 75% des êtres humains de la planète, perturbateur endocrinien redoutable, et qui est à l’origine de nombreuses mutations. Les mâles ne disparaissent pas que chez les poissons ou les lézards, chez l’Homme aussi. Moins fécond, l’Homme vivra plus vieux, pour ne plus mourir un jour, mais dans un tel état de délabrement physique (compensé par « l’artificialité » organique) qu’on se demande si ça vaut le coup… Notre victoire sur la mort rendra l’homme divin. Il pourra alors créer une humanité à gestation délocalisée, choisie, dont la survie sera obligatoirement assistée, construire des organes neufs à partir de cellules souches qui profiteront aux riches. Bref, qu’avons nous gagné dans tout ça ? Rien. Car nous sommes éternellement malades et en rupture avec une nature qui tend à disparaître totalement. Alors à quoi bon vouloir vivre vieux, ne plus mourir, alors que c’est la seule vérité naturelle de notre existence.

« Mutants » de Jean-François Bouvet, à quoi ressemblerons-nous demain ? Flammarion, février 2014.