Lucifer : enquête dans les milieux artistiques d’Amsterdam par Connie Palmen
Auteure de six romans dont deux publiés chez Actes Sud (Les loi, 1993, Tout à vous, 2005), Connie Palmen enquête sur la mort d’une jeune et jolie femme de compositeur, 24 ans après sa mort. L’occasion de dresser une tragédie en 5 actes et de dépeindre le mode de vie et les questions existentielles d’un groupe d’artistes et intellectuels néerlandais. En librairies le 6 octobre 2011.
Alors qu’il est entrain de travailler à un opéra sur la mort étrange de Tchaikovski (officiellement décédé à 53 ans du Choléra, quelques jours après la création de sa symphonie n° 6, mais peut-être conduit au suicide par la connaissance des autorités de sa relation homosexuelle avec un jeune-homme) Lucas Loos assiste au plongeon mortel de sa belle et jeune femme, Clara, dans leur villégiature de Skyros, en Grèce. Interpellée par l’annonce de la mort de Clara dans un quotidien néerlandais : “Notre ange est tombé”, la narratrice décide en 2005, soit 24 ans après les faits de mener l’enquête : accident, suicide ou meurtre dont son mari serait responsable? Le journal de Clara ayant été brûlé, selon la volonté de celle-ci, la narratrice rencontre tous les amis du couple. Un groupe impressionnant d’artistes, de comédien, d’écrivains et d’intellectuels au centre desquels règne “Le Prince”, sorte de dandy vieillissant, cultivé et mystérieux…
En 5 parties qui tordent la chronologie pour former une tragédie qui sort de l’ordinaire, Connie Palmen parvient à transformer le suspense de l’enquête en plongée en apnée dans les distorsions et les non-dits d’un groupe d’amis doués, cultivés et influents. Parfaitement traduit par David Goldberg, ce roman instaure une ambiance marécageuse, et éflleure le mystère sans jamais rien dévoiler de plus qu’une ricanante comédie humaine.Avec, entre les lignes, de très jolies réflexions sur la tragédie, le drame et la fiction.
Connie Palmen, “Lucifer”, trad. David Goldberg, Actes Sud, 410p., 23 euros.Sortie le 6 octobre 2011.
“Elle était honorée de ce roman. Il l’avait représentée avec une grande acuité, donc il l’avait regardée avec la même acuité. et à ce niveau-là, l’acuité, c’est de l’amour; elle commençait à s’en rendre compte. Que toute cette sexualité trépidante, ces manières collantes, pendues aux basques de l’autre -quand tout ça s’est calmé, c’était cela qui restait : quelqu’un qui vous regarde et qui vous voit.” p. 74-75.