
« Les souffrances du jeune ver de terre » de Claro, c’est écrit mais ça sent mauvais…
Né en 1962 à Paris, Claro est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont Madman Bovary, Cosmoz, Tous les diamants du ciel. Il est aussi traducteur (S. Rushdie), codirige la collection Lot 49 du Cherche-Midi et tient un blog : « Le Clavier cannibale ».
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C’est écrit et ça sent mauvais. C’est sur ces mots que nous commençons la lecture d’un ouvrage sec, rapide, haletant où se mêlent les codes du polar et l’exercice de style. Mais ce n’est ni un polar, ni un exercice de style… Livre inclassable donc, mais terriblement bon. Tellement bon, mais tellement court. Les souffrances du jeune ver de terre c’est l’histoire de Frédéric Léger, 35 ans, correcteur aux éditions de la “Convivialité Transactionnelle Interprenariale”, maison d’édition masturbatoire prônant le libéralisme le plus sauvage et le plus décomplexé. Une nuit, Frédéric est suivi, passé à tabac par deux types venus récupérer les épreuves d’un ouvrage qui lui ont été confiées pour relecture. Sa vie, et celle de ses proches est alors en jeu.
Dans ce “polar politique” terriblement parisien, Claro manie le verbe et l’image comme un artificier. Pas de préliminaires, on rentre dans le vif du sujet. C’est exubérant, désopilant, ironique, triste et violent. La réalité s’y conjugue avec cruauté et dépression, manipulation et gueules de bois dans une angoisse urbaine à la française comme seule Paris est en mesure de créer. Un ouvrage que nous conseillons aux citadins mâles qui ont dépassé la trentaine et qui se reconnaîtront sûrement dans ce personnage de Frédéric si proche du jeune Werther…
Les souffrances du jeune ver de terre de Claro, Editions Actes Sud – Collection Babel Noir, Parution: Janvier 2014. Prix: 6.70 €
Visuel: © couverture du livre