
« Les larrons » de William Faulkner, farce étrange…
Les Larrons (titre original : en anglais The Reivers), paru en 1962, est le dernier roman de William Faulkner. À la différence de plusieurs de ses œuvres antérieures, ce roman est direct et ne recourt pas à des techniques littéraires compliquées. Il est également gai. C’est pourquoi Les Larrons est souvent ignoré par les exégètes de Faulkner ou considéré comme une œuvre mineure. Faulkner avait déclaré vouloir finir sa carrière littéraire en écrivant le livre d’or du comté de Yoknapatawpha. Il est probable que Les larrons constitue ce « livre d’or. »
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En 1905, le grand-père de Lucius Priest achète une automobile qui sera parmi les premières à apparaître dans la ville de Jefferson. Pendant une absence de son grand-père, le petit garçon et le chauffeur s’emparent de la voiture et partent pour Memphis. Un passager clandestin apparaît en cours de route : Ned, un domestique noir de la famille. Arrivés à Memphis, Lucien et Boon, le chauffeur, s’installent dans une étrange «pension de famille», dont la tenancière est la Miss Reba de Sanctuaire. Mille péripéties les guettent.
Ce roman est une sorte de conte de l’âge d’or, un adieu souriant aux personnages qui, pendant tant d’années, ont été les compagnons de chaque jour du grand romancier. Il s’agit là d’une histoire heureuse, d’un éclat de rire qui succède à la douloureuse intensité d’une œuvre presque exclusivement dramatique. Les Larrons côtoie plus le ridicule et le pitoyable que le drame et le pathétique. Le registre comique repose cependant sur une thématique chère à Faulkner, celle de la chute irrésistible de ses personnages vers le fond du précipice, chute pourtant prévisible, comme si la conscience du danger était déjà une promesse de félicité et d’exaltation. Le ton différent du reste de l’œuvre de Faulkner peut déranger, et même choquer le lecteur qui pourra penser que c’est une mauvaise blague. La rédaction, un peu “foutraque”, dans un style oral rural, presque « bouseux », rend la lecture de l’ouvrage difficile. On rentre difficilement dans ce road trip étrange. Et on culpabilise presque de ne pas être allé au bout… Tant pis… On essaiera une autre fois, en oubliant le reste de l’œuvre de Faukner.
« Les larrons » [The Reivers] de William Faulkner. Première parution en 1964. Trad. de l’anglais (États-Unis) par Maurice-Edgar Coindreau et Raymond Girard. Préface de Raymond Girard. Collection L’Imaginaire (n° 654), Gallimard. Parution 13-03-2014