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“La Pastorale Retrouvée”, le premier roman de Romain Arazm : l’émerveillement et l’art au coeur d’un romanesque solaire et haletant

“La Pastorale Retrouvée”, le premier roman de Romain Arazm : l’émerveillement et l’art au coeur d’un romanesque solaire et haletant

30 August 2020 | PAR Loïs Rekiba

Romain Arazm est historien de l’art, essayiste et curateur d’expositions. La Pastorale Retrouvée est le nom de son tout premier roman qu’il a publié au mois de juin aux éditions des Presses Littéraires : un récit placé sous le signe de l’émerveillement romanesque, à l’intersection de la littérature, de la philosophie et, surtout, de l’art pictural.

Souvenez-vous. En 2010, le Musée d’Art moderne de la ville de Paris est victime du vol de cinq tableaux issus de sa propre collection. Le monde de l’art est alors en émoi. Si personne ne sait encore aujourd’hui ce qu’il est véritablement advenu de ces œuvres d’arts, le narrateur de l’histoire, Paul Mazar, tombe par le plus pur des hasards sur deux toiles découpées et laissées pour compte en plein milieu de la rue Portefoin, à Paris. Le jeune Paul est un passionné de peinture, et il réalise tout d’un coup que ce sur quoi il est tombé correspond bel et bien aux cinq tableaux volés, parmi lesquels La Pastorale de Matisse et l’Olivier à l’Estaque de Braque. Dès lors, débute pour le jeune narrateur une quête tout à fait intime, pleine d’esprit et de cynisme parfois, sur les traces de l’art pictural moderne. Le manque, voilà le motif du début du récit, sinon une bonne part de son contenant. Puisque le narrateur cherche aussi, à travers la quête du sort de ces tableaux mystérieusement perdus, à mettre un peu d’ordre dans sa vie professionnelle et amoureuse. 

la pastorale

La Pastorale, Henri Matisse, 1905

braque

Georges Braque, L’Olivier près de l’Estaque, 1906

 

Un impératif narratif (presque) catégorique : réaffirmer coûte que coûte le sens de l’art dans nos existences

La Pastorale retrouvée est un récit palpitant qui fait de l’art -et en particulier la peinture- son objet central. Le récit se caractérise par une méticuleuse mise en scène d’une sorte de vagabondage spirituel qui interroge la place qu’occupent les œuvres, pour le narrateur et pour chacun d’entre nous, dans nos vies. Si Paris est un lieu cardinal de l’histoire (le vol des tableaux, le lieu de l’évolution de la vie professionnelle et amoureuse du personnage principal), le récit nous fait voyager jusque dans la Sud de la France, ainsi qu’en Italie. On retiendra notamment de très belles pages sur la ville de Colioure, la mise en valeur de la beauté de ses paysages apaisant le corps et l’esprit, la puissance inspirante que la Provence a pu être pour le mouvement impressionniste. Un voyage romanesque au ton poétique s’offre au lecteur, qui n’a plus qu’à se laisser emporter par les divagations entraînantes du narrateur qui, à travers ses voyages, laisse entrevoir son rapport intime à l’art. Une fureur artistique combinée à un maillage textuel dense et très érudit : tel est l’impératif de cette pastorale littéraire et poétique.

L’émerveillement comme feuille de route narrative pour défricher le monde

Chez Romain Arazm, tout passe par les sens. La vue, l’odorat, le toucher et l’ouïe sont convoqués presque à chaque page pour permettre au narrateur de donner à voir – le récit surprend par son régime descriptif proche de la métaphore picturale constante – le monde sous un jour sans cesse nouveau, évolutif au gré des rencontres de personnages hauts en couleurs, des artistes, des gens des médias, des amis, des rencontres fortuites mais aussi amoureuses. L’émerveillement du narrateur face à l’art infuse le texte pour notre plus grand plaisir. Le lecteur trouvera ainsi matière à affiner ses connaissances sur l’histoire de l’art, à travers un style généreux, pédagogique et dense qui, cependant, tend parfois à pêcher par un formalisme académique un peu trop poussé et digne d’une encyclopédie (les notes de bas de pages abondant parfois un peu trop). 

Les figures de l’émerveillement sont diverses et variées (les tableaux, la femme, le paysage, le monde, en somme) et le récit parvient à la mise en place d’une belle communauté de valeurs humaines organisée autour d’une esthétique de la contemplation et de l’immersion qui place, en son centre, la sensibilité, la curiosité et l’émerveillement qui sont autant d’occasions pour l’écrivain de dérouler son tissu narratif.

Le goût du narrateur pour l’inventivité picturale engage un regard  particulier sur le monde. Un regard toujours touchant,  un mode de déambulation presque baudelairien, sans cesse en évolution au fur et à mesure des pages qui s’affirment comme une enquête sensible et foisonnante sur le sens que l’art peut conférer au monde et à la vie. 

 

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Loïs Rekiba

One thought on ““La Pastorale Retrouvée”, le premier roman de Romain Arazm : l’émerveillement et l’art au coeur d’un romanesque solaire et haletant”

Commentaire(s)

  • Agnes Dardart

    difficile de communier avec un texte truffé de fautes : auteur et correcteur ont une méconnaissance totale de l’accord du participe passé surtout avec le COD placé devant et que dire de l’accord primaire sujet-verbe ??? Dommage la qualité de l’oeuvre magistrale s’en ressent et la lectrice est frustrée …
    Néanmoins le travail est colossal mais je me demande s’il s’agit d’une production à plusieurs mains ?
    J’ai bien conscience d’envoyer à l’océan un insignifiant message qui ne mobilisera qu’une infime attention …
    Avec l’expression de ma considération.
    Agnès Dardart

    September 22, 2020 at 10 h 33 min

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