
“Varsovie – Les Lilas”, le Paris du 96 de Marianne Maury Kaufmann
Difficile de ne pas regarder autour de soi, de scruter les visages et les attitudes, dans le bus 96, quand on y monte désormais. Se cacherait-elle quelque part, sous un bonnet, derrière une écharpe, cette Francine ? Entre Oberkampf et Montparnasse, je lis Varsovie – Les Lilas, il n’y a pas de meilleur endroit pour le lire, ce livre là et ce, malgré le bruit, malgré les freinages non anticipés. Par contre, si le ton est léger quoique parfois emporté (au gré des humeurs de sa narratrice), le sujet, lui, est grave. Son héroïne en tout cas, l’est.
Francine ne rigole pas avec les habitudes, d’ailleurs, elle ne rigole pas du tout, globalement. Francine monte dans le 96 au petit matin, connaît chaque chauffeur de la ligne, ne plaisante pas avec les préjugés qui vont et viennent dans sa tête. Mais c’est que son passé, bien enfoui quelque part, ressurgit parfois, indélébile.
Une rencontre changera son quotidien. Une femme, comme elle, n’est pas de celle qui prend le bus pour aller au bureau, rejoindre des amis. Le bus, comme moyen de transport : ce n’est pas ça, pour Francine, pas vraiment non plus pour cette femme, très blanche, qu’elle reconnaît comme une alliée, presque une fille, dans cette satanée vie. Elle la suit, la séduit… Sera-t-elle sa planche de salut ? Bienvenue dans le monde à la frontière de l’absurde de Varsovie – Les Lilas, une plongée dans une vie solitaire parfois triste, souvent cocasse, mais indéniablement attachante.