
Siamoises, deux sœurs inséparables par Canesi & Rahmani
Les deux auteurs d'”Alger sans Mozart” (Naïve, 2012) dépeignent le devenir de deux sœurs orphelines de père. Sans se départir de l’orientalisme brillant qui caractérise leur style.
[rating=3]
Quand leur père décède brusquement alors qu’elles sont toutes jeunes, Sophie et Marie font une alliance à vie. L’une se destine à être médecin pour sauver des vies en l’honneur de leur père, l’autre thanatopractrice afin d’enjoliver après sa mort, celles des autres. Elles suivent leur mère, biologiste et spécialiste des arbres, au Maroc, où elles ont une vie douce et découvrent que les deux filles de la dame qui travaille chez elle, Malika, leur ressemblent : elles sont siamoises. Le retour à Paris, une fois la mission de la maman terminée est d’autant plus difficile que cette dernière rencontre un compagnon. Les deux sœurs ne sont pas prêtes à accueillir un homme à la place autrefois tenue par leur père.
Décrivant avec sensualité un certain train de vie qui peut faire rêver, Canesi & Rahmani privilégient les zones troubles où raison et folie deviennent elles aussi siamoises. Si les deux sœurs ne créent pas vraiment de la sympathie chez le lecteur, c’est peut-être parce que le livre valse avec cette limite, plutôt qu’avec les émotions. Une lecture légère, agréable, et néanmoins étrangement inquiétante.
Canesi &Rahmani, Siamoises, Naïve, 285 p., 20 euros. Sortie le 29 août 2013.
Page facebook du livre.
Visuel : couverture du roman.
Articles liés
One thought on “Siamoises, deux sœurs inséparables par Canesi & Rahmani”
Commentaire(s)
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
Cardec
Une critique de Michèle sur le site Babelio :
“Contrairement à ce que certains disent sur ce site, j’ai beaucoup aimé ce livre. La lenteur ne me semble pas un obstacle, ni “l’inconsistance” des personnalités, ni la large place accordée aux sensations et aux paysages. Parce qu’il intègre une forte dose de violence et parce que la conclusion est haletante et inattendue, certains ont dit que c’était un thriller et en ont attendu les qualités d’un frileur.
Mais, ce n’est pas un frileur et c’est pourquoi ceux qui y cherchent des personnages différenciés, un rythme nerveux et du suspens sont déçus dans leur lecture. Ce livre doit être pris comme une symphonie : les personnages semblent flous, brouillés parce qu’ils sont fragmentés, le rythme est très lent car les mêmes personnages, les mêmes événements, reviennent sous différents aspects ou masques, diffractés par les perceptions des « Siamoises », ces deux sœurs inséparables brisées, dans leur petite enfance, par la mort de leur père et qui ont besoin l’une de l’autre pour parvenir à vivre. Points et contrepoints, mêmes scènes revécues à l’infini, mêmes acteurs changeant de rôle au gré de celles qui les utilisent. Brumes du nord, Andalousie, Algérie, Maroc ne sont aussi que des bouffées de sensations pour des êtres sans certitudes. Images plurielles dans un miroir brisé, fantasmes, onirisme. Les auteurs disent : « c’est un roman de la diversité » – non, ce n’est pas encore comme cela que je le définirais, pour moi c’est un roman sur l’ondoyance de l’être humain, de son incapacité à s’approprier le réel. Cas psychiatrique étudié avec énormément de finesse, non de l’extérieur par une description objective, mais de l’intérieur dans le perçu : les personnages ne semblent inconsistants qu’au premier degré. Cas extrême qui nous aide à admettre que nous soyons, nous aussi, multiples, et qui nous force à l’accepter.
Un roman difficile, sous ses apparences aimables, très littéraire et particulièrement troublant.”