“Premier sang”, d’Amélie Nothomb : portrait tendre du père
Enfin couronnée d’un prix littéraire, le Renaudot, (lire notre article) Amélie Nothomb livre dans son roman Premier sang un portrait touchant de son père.
Alors que son père est mort quand il était tout jeune, Patrick Nothomb grandit avec une mère bourgeoise belge assez absente et est, de fait, élevé par ses grands-parents. Sa vie change lorsqu’il est envoyé un été dans les Ardennes chez ses autres grands-parents, qui vivent en tribu et à la dure. Charmé par la culture de son grand-père, la bonté de la femme qu’il a épousé en secondes noces, et la sauvagerie affamée des cinq cousins qu’il apprend à connaître, Patrick s’endurcit lors de ce séjour. S’excusant presque d’être trop raffiné et trop cultivé, désespéré de ne pas supporter la vue du sang, il finit par suivre la voie diplomatique, et part rencontrer l’âme sœur. Son premier poste est au Congo tout juste indépendant, où, jeune ambassadeur, il doit faire face a une terrible prise otage, alors même qu’il a subi le bouleversement de devenir père.
Un portrait tendre du père enfant
Alors que son père a écrit sur les événements auxquels il a dû faire face au Congo, Amélie Nothomb nous dresse un portrait à la fois fragile et fort, plein d’empathie et d’admiration, de cet homme qu’on a envie de connaître tant il semble exquis et courageux quand il le faut. Le texte est court, comme toujours ou presque chez Nothomb, bien mené et défend la belle idée que tout se dessine à un très jeune âge. Premier sang commence comme des souvenirs d’enfance et prend petit à petit un tour à la fois intimiste et universel. Tout se passe dans une continuité poétique entre l’enfant et le diplomate. Il manque un peu le papa, mais on peut très bien le deviner dans ses premiers émois de père. Un très beau texte.
Amélie Nothomb, Premier sang, Albin Michel, 90 p., 17,90 euros. Roman sorti en août 2021.
Visuel : couverture du livre