Parapluie de Christine Eddie, une rupture de caractère
Prix Senghor du premier roman francophone pour les “Carnets de Douglas”(2009), Christine Eddie a repris se plume et son frac-parler pour dépeindre une galerie de femmes solidaires, autour d’un homme devenu insaisissable.
La quarantaine heureuse mais sans enfant, l’énergique Béatrice voit son univers s’écrouler quand son compagnon qu’elle adore, Matteo lui mentir et disparaître au lieu de partir tenir une conférence en Italie. L’Italie, c’est justement le pays dont il vient et où il a très tôt du faire face aux réalités d’une vie sans père. En l’absence inexpliquée de Matteo, Béatrice aide avec générosité la maman de son conjoint victime d’un accident de santé et tombe également sur un potentielle maîtresse de son amoureux …
Choral de femmes autour de la voix de Matteo, “Parapluie” tire sa force de sa solide construction autour de premières personnes touchantes. Inimitable, le style de Christine Eddie est tellement imagé qu’il fait passer de l’éclat de rire aux bords des sanglots et vice-versa en quelques fractions de seconde. Ce qui a pour effet de transmuer le banal en pittoresque. Jolie magie!
Christine Eddie, Parapluies, Éditions Héloïse d’Ormesson, 176 p. 16 euros.
“Un pressentiment m’a tout de suite fait de grands signes affolés parce que l’oreiller de Matteo était resté lisse comme un mur. Pourtant, je l’ai chassé en enfilant machinalement ma robe de la veille.” p. 19